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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 14:13

 

4. Les enjeux et de potentiels axes de réflexions

Si un colloque prend pour thème de réflexion la production de populations problématiques liée à la mise en œuvre de politiques publiques, c’est, pour le moins, mettre en exergue des problèmes sociétaux que nous ne pouvons plus ignorer. Par ailleurs, dresser un constat, trouver des responsables ou prendre conscience de phénomènes sociaux silencieux, qui effritent une forme de cohésion sociale, ne peut pas suffire à l’action entreprise.

Nous devons nous projeter un peu plus loin que la reconnaissance de mécanismes, de structures et de dynamiques au cœur du tissu urbain. Nous devons dépasser les clivages, les inerties et la critique positive pour avancer et gommer du territoire national des phénomènes néfastes au bien-être collectif. Il nous faut pour cela préserver et soutenir les populations concernées  tout en nous gardant de tout « gargarisme intellectualiste » ou de toute autosatisfaction.

Ainsi des pistes sont proposées. Elles ne sont que des bases de discussions. Elles ne sont pas la négation ou le dénigrement des actions entreprises pour répondre en partie aux phénomènes constatés. Elles sont des extensions des dynamiques partiellement mises en œuvre, dont un grand nombre s’avère efficace. Elles sont une volonté d’ouverture, de construction et d’humanité, sans pour cela basculer dans l’utopie. Nous ne pouvons pas changer la nature humaine. Les conflits d’intérêts existeront toujours et il demeurera en permanence une part d’oubliés, de rejetés ou de mécontents.

Dans cette perspective, les enjeux et les potentiels axes de réflexion, pour répondre aux productions de territoires des populations problématiques, s’articulent sur les domaines politiques, sociétaux, territoriaux et sur des aspects de projections à plus ou moins longue échéance en fonction des acteurs.

 

4.1. Sur le plan du politique

Sur le plan des actions politiques le tout premier point nous semble être la mise en adéquation des intérêts locaux et des aspirations politiques. Il est vrai que pour y parvenir la démagogie, l’électoralisme et l’absence de réalisme devront être éradiqués. Ils laisseront la place à la responsabilisation, la fin des ségrégations liées à l’appartenance ainsi qu’à la considération et à la reconnaissance de tous les citoyens. L’utopie[1] est toute proche.

Mettre en adéquation des intérêts communs implique la mise en œuvre du concept de moindre contrainte. C’est-à-dire, produire des territoires qui sont contraignants par leur qualité, leur exigence et leur gestion afin de parvenir à une forme d’harmonie urbaine.

Pour parvenir à cet objectif les agents de décisions et les acteurs mis en relation ont l’obligation de s’extraire des idéaux. Cette action est des plus difficiles. Elle nécessite de concevoir le monde d’après-demain et non le monde de demain matin. La satisfaction de l’ego[2], du portefeuille et du clientélisme doivent être dépassées. Dans cette perspective au niveau politique la technocratie n’a plus sa place, l’humain peut prendre son rôle afin de proposer des réponses plus cohérentes avec les réalités.

Ces positionnements conduisent à prendre en considération la mémoire, collective et individuelle. C’est-à-dire, reconnaître les diversités, sans pour cela faire la négation de la nation, de ses valeurs et de ses fondements. Pour cette réalisation les politiques ont un énorme travail à accomplir pour s’extraire de leurs schémas de réflexion et de construction.

 

4.2. Dans les domaines sociétaux

Les actions au niveau politiques nous donnent de nombreuses indications sur des pistes potentielles à suivre afin que les territorialisations de populations dites problématiques induites par des politiques publiques disparaissent. Elles nous indiquent que sans dialogue et partage des modes d’actions toute réalisation est vouée à la reproduction des erreurs passées donc à l’échec.

Ainsi, au niveau sociétal une volonté de symbiose entre les partenaires producteurs de territoires doit être trouvée. Elle favorisera les équilibres relationnels, les intégrations et la participation des différents agents mis en contact. En d’autres termes accepter de regarder autre chose que son nombril.

Pour cela il est impératif de considérer l’individu comme un être humain et non comme un consommateur, un nombre ou un objet. Nous avons l’immense privilège d’observer un phénomène qui ne peut pas être mis en équation : l’homme dans toute son humanité. Nos démarches sont donc souples[3], malléables et adaptatives tout en conservant la rigueur de l’observation. Il en est de même pour la considération de l’individu. Ce dernier est pris dans sa nature d’être vivant intégré au cœur d’une société dont il est un acteur, un citoyen. Chaque voix est prise en considération, il n’y a plus de Paris et de Province, mais la société dans son ensemble, sa diversité et ses aspirations.

L’action au niveau sociétal signifie que l’existence des autres et des lieux de vie entrent dans des dimensions humaines. Les être humains seraient au centre des inquiétudes des aménageurs et les profits, la spéculation ou les conflits de pouvoir passeraient aux oubliettes.

L’action sociétale réclame un engagement sans compromis afin de répondre aux populations et non aux investisseurs.

 

4.3. Pour les aspects territoriaux

Les deux premiers aspects sont relativement polémiques et critiques. Ils fixent l’attention sur ce qui ne va pas, ce qui est la finalité d’une recherche afin de répondre à ces pierres d’achoppement si néfastes au confort de chacun.

Les aspects territoriaux sont tout aussi acerbes. L’attention n’est plus à porter sur le tissu urbain de telle ou telle ville. Elle est à porter sur la totalité du territoire. C’est-à-dire prendre le territoire national comme un lieu de vie pour toutes les populations et faire en sorte que chaque parcelle soit accessible et desservie par les moyens de communications. L’implantation du troisième aéroport parisien témoigne des progrès considérables qui sont encore à effectuer pour parvenir à agir sur la totalité du territoire.

Dans une direction identique l’urbain doit être considéré simplement comme une parcelle. Il n’est qu’un lieu, ce sont les individus qui y vivent qui méritent toute notre attention. Ainsi l’urbain ne serait probablement plus cantonné aux couronnes des grandes agglomérations pour satisfaire on ne sait qu’elle mouvance.

Cet ensemble suggère que les politiques publiques s’attachent aux répartitions territoriales dans toutes leurs diversités et relations avec la globalité nationale. Par extension que le territoire soit pris comme un support et qu’il ne soit pas réduit aux parcelles urbaines et aux zones connexes. Ces réductions de vues, de perceptions et de projections sont les causes des errances et des tensions territoriales. Cela nous oriente en direction d’une exploitation du territoire, non pas par tâches successives, comme cela s’effectue actuellement, mais, par zone d’accessibilité, par grands bassins d’emplois et d’activités. Ces démarches existent en partie mais leurs objectifs sont des études ou des observations non la gestion de territorialisations non souhaitées et induites par des politiques publiques.

 

4.4. Concevoir des projections

Concevoir des projections est d’accepter de se projeter à après-demain. Voir plus loin que la rentabilisation immédiate ou proche. Vouloir faire un peu moins d’éclat et de profit afin que chaque citoyen puisse vivre dans de bonnes conditions sans subir les railleries de ceux qui ne vivent pas dans la cité. Qu’ils ne subissent pas les heures de transports en commun entassés parce que le réseau est obsolète. Et qu’ils ne soient pas soumis à des territoires de non droit dans lesquels ils n’ont d’autre solution que de vivre.

Pour cela un devenir des territoires urbain est à concevoir, non pas une œuvre d’architecte mais une réflexion transdisciplinaire entre sociologues, architectes et géographes pour le moins. Cette association devrait permettre, si les idéaux, les querelles d’écoles et les diverses mouvances sont mises au placard, de concevoir un territoire dans lequel des territoires seraient en relation et non en affrontement.

Les dynamiques des décennies à venir doivent être projetée, non pas par des chiffres et des statistiques mais par des projets territoriaux. Cet acte n’est réalisable que si le chercheur se détache de la relation homme/nature et se réapproprie l’interface humanité/espaces terrestres pour concevoir l’humanité sur son seul support de vie. Ceci nécessite des conceptions de réseaux, d’habitats et d’implantations. En un mot des bouleversements majeurs dans lesquels le territoire français serait pris dans sa totalité comme support de vie.

Ce ne sont que des pistes de réflexion qui nous orientent en direction de la disparition des territoires des populations dites problématiques.

 

 

 

Conclusion

 

Mettre en exergue des formes de territorialisations impose que nous nous attachions aux seuls aspects potentiels de la production de territoires. Dans cette perspective nous n’avons pas abordé les politiques publiques qui s’efforcent de proposer et de trouver des solutions aux populations dites problématiques. Quelques liens ont été faits avec des actions étatiques ou des collectivités locales par exemple avec les actions de rénovations urbaines. Ce n’est en rien une négation des actions entreprises et de la reconnaissance des dynamiques urbaines initiées. Nous nous sommes inscrit dans une démarche dont l’objet est de montrer comment, par quels mécanismes et engendrant quels types de conséquences des territoires propres aux populations dites problématiques étaient élaborés au cœur des tissus urbains.

L’approche ainsi proposée demeure restrictive et focalisée sur des aspects négatifs de nos sociétés puisque, nous n’avons retenu principalement, que des dysfonctionnements et des travers aux multiples actions développées en urbanisation ou aménagement. Toutefois, la prise de conscience de ces réalités, toutes proportions gardées, permet à chacun de nous de percevoir des territoires propres aux populations dites problématiques au sein de l’urbain. Elle facilite la reconnaissance de mouvements spécifiques qui, une fois connus et reconnus, peuvent être plus facilement limités, gérés et orientés afin que l’urbain devienne plus humain pour chaque habitant.

Les différents organismes étatiques ou locaux proposent des réponses ponctuelles à une multitude de réalités sociétales pour que chaque citoyen puisse parvenir à se loger dignement. Cependant, de nombreux efforts sont encore à entreprendre dans les domaines des actions concertées afin que le territoire national soit pris en considération dans sa globalité et non par l’intermédiaire de l’urbain. Il est vrai que les zones de résidence sont importantes et sont source de revenus ou de prestige. Mais des actions de qualité localisées, au rayonnement restreint, ne peuvent pas servir les populations dites problématiques, car dans l’absolu leurs difficultés sont transportées ailleurs. Il est donc nécessaire de concevoir des réponses hiérarchisées afin que les zones urbaines ne soient plus le centre d’intérêt des décideurs. C’est-à-dire que le territoire, avec ses zones non urbanisées, trouve sa place de support de vie pour toutes les populations. En d’autres termes concevoir la gestion du territoire national non pas par ces pleins – l’urbain – mais par ces vides : les zones périurbaines et rurales. Ce basculement n’est pas simple puisque les centres urbains, dans cette perspective, perdraient leur main mise sur les marges de leurs expansions.

 

 

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[1] PAQUOT Thierry, 2007, Utopies et utopistes, Paris, La Découverte, 121 p.

[2] KAUFMANN Jean-Claude, 2001, Ego pour une sociologie de l’individu, Paris, Pluriel, 288 p.

[3] Nous ne cautionnons pas le terme de sciences molles. Nous défendons la terminologie de science souple. Ce choix atteste des potentialités propres à chaque domaine scientifique. Nous pouvons nous saisir d’une partie de la réalité perceptible et observable afin de la rendre accessible à tout un chacun. Les résultats obtenus sont vérifiables, quantifiables, comparables et reproductibles ce qui satisfait à une démarche scientifique. Il est vrai que le caractère falsifiable est attendu, pour notre part nous laissons le soin à autrui de le démontrer.

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 14:11

1.4. Les territoires d’expression de l’interface

La rencontre, les relations et les contrecoups des actions des investisseurs étatiques ou locaux au contact de la diversité des populations et des territoires sur lesquels ces interactions agissent produisent des territoires et des formes de territorialisations spécifiques.

Ces productions territoriales se regroupent sous trois aspects principaux. Ils sont des territoires d’expression liés aux constructions effectuées. Ils sont induits par les éléments structurants implantés. Ils sont des territoires accaparés par les populations qui n’ont plus que cette solution pour se loger et vivre.

 

1.4.1. Les territoires construits

Les territoires construits[1] ne sont pas seulement des bâtiments. Cette idée, de mettre en relation à la fois l’action de construction et la réception faite par les populations concernées, va plus loin que l’érection d’un nouvel immeuble.

Il est vrai que les immeubles, les cités voire, quelques pavillonnaires sont des territoires propices à la concentration de populations dites problématiques. En effet, l’habitat social, la concentration de petits salaires, de personnes en provenance de l’immigration ou de personnes dépendantes du RMI contribuent à intensifier la destination originelle d’un ensemble d’immeubles. Ces immeubles, ces lieux propices aux fortes concentrations humaines, sans qu’il existe les infrastructures minimales pour une intégration sociétale (annexe de mairie, commerces de proximité, police et espaces de détente), constituent un territoire d’expression majeur des réalités des populations dites problématiques.

Les centres villes, ou tout au moins les couronnes intérieures qui ont été délaissées par les classes supérieures, voient arriver et s’implanter des populations qui n’ont plus que cette option de se loger en ces lieux pour vivre. Le centre ville devient alors un territoire construit par des politiques publiques qui favorisent la production de territorialisations de populations en difficultés.

Au-delà de certaines cités, et de parties du centre ville nous trouvons un cadre construit par les aménagements qui chassent les populations toujours plus loin des lieux de travail et des espaces de vie sociale. Ces aménagements sont des espaces de consommation, des zones d’activités ou des zones de transit. Ces dernières créent des ruptures dans le tissu urbain et enferment les populations qui ne peuvent vivre que de l’autre côté de la zone d’activités.

 

1.4.2. Les territoires produits

A l’origine un espace urbain construit n’est pas destiné à devenir un territoire. Il appartient au territoire urbain de la ville sur laquelle il est bâti. Toutefois, au fil des années, en fonction des dynamiques propres à chaque tissu urbain des territoires sont produits[2].

Ces territoires sont essentiellement des territorialisations spécifiques[3]. Ce sont les fractures de l’urbain : les autoroutes, les voies ferrées ou les aéroports. Ils constituent des frontières physiques qui au bout de quelques temps, à peine quelques années, deviennent des frontières psychologiques.

Nous trouvons les zones vides d’activités la nuit comme les parkings ou les zones de bureaux. Là les politiques publiques ont contribué à l’implantation de vastes espaces vides d’hommes une partie de la journée. L’impossibilité de surveiller de telles superficies favorise l’utilisation détournée de ces zones libres aux profits de populations dites problématiques. Les jeunes en déshérence, la volonté de bafouer les lois ou le seul lieu suffisamment ouvert pour se livrer à des courses nocturnes de voitures sont autant de vecteurs à l’induction de territoire propres à certaines populations problématiques.

 

1.4.3. Les territoires accaparés et appropriés

Un nombre croissant de personnes n’a plus les moyens de se loger. Pour éviter d’errer dans la rue elles accaparent des lieux abandonnés par leurs propriétaires. Cependant, remplir les vides urbains n’est pas la seule forme d’accaparement source de territoires de populations problématiques.

Les friches urbaines, ces immeubles abandonnés, sont fréquemment squattées pour permettre aux populations en rupture de se loger[4]. Dans ces lieux insalubres, au mépris de toutes les obligations légales d’entretien où les propriétaires s’insurgent mollement contre les squatteurs, vivent des dizaines de familles dans la plus grande précarité. Il est vrai que des réseaux de clandestins usent et abusent de cette opportunité et s’enrichissent sur les immigrants qu’ils entassent dans des conditions inhumaines. Toutefois, il n’y a pas que des « illégaux » qui vivent dans cette précarité. Des jeunes et des moins jeunes n’ont que cette option pour avoir un toit sur la tête.

D’autres formes de captation et d’accaparement existent. Elles sont plus sournoises. Elles découpent l’urbain en des zones d’influences, en petits territoires d’exploitation de mendicité ou de prostitution. Là, la politique publique de rejet de plus pauvres ailleurs contribue à concentrer les activités illégales en des points de passages pour glaner quelques euros. Le mendiant qui à tout perdu, le/a prostitué/e qui n’a que cette solution, le marginal qui n’a trouvé que cette forme d’expression, s’approprie une parcelle du territoire publique pour y vivre et exister.

2. Les causes de la production de ces territoires

Les causes initiales à la production de territoires propres aux populations problématiques sont perceptibles au sein des aspects présentés plus haut. Toutefois, en dehors de la simple mise en relation de personnes, d’acteurs et du cadre social de réalisation il existe des dynamiques que nous considérons comme responsables de la production de ces territoires[5].

Le premier de ces aspects est la rentabilisation des espaces disponibles quelque en soit le prix social. Le second, est la concentration des populations et une forme de négation du territoire. Le troisième atteste d’une absence de centralité pour les ensembles construits et d’une existence aux marges de la normalité sociétale.

 

2.1. La rentabilisation des espaces

Les espaces à l’inverse des territoires ne sont pas bornés. Ils sont malléables, adaptables et modifiables à souhait. Ces espaces[6] sont des parcelles non limitées sur lesquelles il est possible de construire un bâtiment ou d’implanter une activité. Ces espaces[7] sont tout de même inscrits au sein du territoire national et du territoire urbain[8] dans lequel ils vont être produits.

Ces espaces d’expressions et de réalisations d’une volonté, de dynamiques économiques ou simplement de solutions de vie sont rentabilisés par des initiateurs à leur élaboration, par des réseaux induits ainsi que par des orientations.

 

2.1.1. Les initiateurs

Les initiateurs sont les différents intervenants dans la production d’un territoire quelque soit sa forme, sa destination et sa légitimité. Les initiateurs n’ont pas forcément conscience[9] des réalités, des contrecoups ou des inductions immédiates et différées de leurs actions[10].

Pour la rentabilisation de l’espace disponible il y a en tout premier lieu l’Etat avec ses politiques et ses orientations qui ont pour objectifs de modeler le territoire national ou de faciliter l’implantation d’activité en un lieu[11]. La puissance administrative et politique sélectionne une parcelle et la destine à une fonction afin de préserver un bassin d’emploi ou des intérêts politiciens.

Cette action est reliée aux investisseurs. L’Etat ne peut pas tout construire, seules des infrastructures lourdes lui incombent. En revanche, des zones construites de dimensions locales sont initiées par les investisseurs. Il est vrai que Disney Land est à la jonction de la collusion d’une action étatique avec l’investisseur puisque des aménagements lourds (bretelle d’autoroute) ont été entrepris afin d’irriguer cette activité commerciale de loisir.

Les spéculateurs tiennent une place d’initiateur non négligeable. En effet, leurs actions au cœur de l’urbain engendrent des dynamiques propres à chaque tissu qui ont pour effet de repousser toujours plus loin des lieux attractifs les populations aux revenus faibles. Les spéculateurs créent par leurs actions des zones de rejet au détriment de ceux qui ne peuvent y accéder.

Enfin, les utilisateurs représentent les populations qui s’efforcent de s’intégrer au sein des différents niveaux d’interaction des intervenants et des agents à chaque niveau de production. Les utilisateurs sont en mesure par leur action locale d’attribuer une destination à une zone abandonnée. Leur regroupement ou leurs dynamiques internes produisent l’image et l’existence d’un territoire qui se construit et s’affirme par leur cohésion.

 

2.1.2. Les réseaux

Les réseaux dont l’objectif est de rentabiliser les espaces disponibles révèlent différents visages. Ils résultent tous de la volonté et de l’action des initiateurs de la construction de nouveaux territoires ou de nouvelles parcelles construites qui vont être territorialisées.

Les réseaux sont élaborés et développés afin d’offrir la plus large accessibilité aux centres nerveux des localités et des tissus urbains. L’accessibilité plus ou moins grande d’une zone va contribuer à renforcer son image distante comparativement à la normalité de la ville proche. A l’inverse une large accessibilité va transformer une cité en cité dortoir, où les employés de grandes industries vont s’entasser afin d’être logés à proximité (dans le temps et pour les délais) du lieu de travail.

La connexion des réseaux, c’est-à-dire les potentialités de liens avec les principaux axes de communication ainsi qu’avec les plus petits axes de dessertes locales, contribue à la production de territoires pour les populations dites problématiques. Afin de pouvoir subvenir à leurs besoins ces personnes ont l’obligation de résider sur ou à proximité immédiate de carrefour de communication.

Les réseaux par leur capacité de densité des flux de populations contribuent à des territorialisations. L’existence d’une voie ferrée, d’une autoroute ou d’une voie rapide permettent aux populations vivant loin des emplois urbains de venir travailler au cœur de celui-ci. Cela permet aussi de facilité l’habitat hors des grands centres urbains et de rejeter dans la grande couronne d’une ville les populations les plus paupérisées.

 

2.1.3. Les orientations

Les orientations causes essentielles de la production de territoires des populations dites problématiques résultent des actions des agents de décisions[12]. Ces derniers développent des dynamiques pour lesquelles l’attraction du lieu est l’objectif principal.

Dans cette perspective ces agents font en sorte de créer des centres d’attraction toujours plus puissants. Pour les décideurs la dimension, le rayonnement et l’image de l’objet urbain sont autant de vecteurs de puissance et de domination des zones situées à proximité. L’implantation et le développement de structures toujours plus denses contribuent à la rentabilisation de l’espace exploité.

A ces actions se greffent les actions de drainage des forces de travail, des fonds disponibles et des forces vives propres à dynamiser les lieux d’expression. Ces formes de captation des énergies produisent des phénomènes de concentrations et de densifications jusqu’à la rupture de charge. C’est-à-dire que le territoire construit est exploité jusqu’à sa saturation et à sa tolérance à la densité de population.

De telles orientations sont justifiées par les facilités et les potentialités prétendues qu’apportent ces choix de développement et de gestion des espaces terrestres à des fins exclusivement de rentabilisation. Les bénéfices doivent être immédiats et les amortissements des investissements doivent être extrêmement réduits afin que la spéculation autoalimente de nouvelles structures propices à de nouvelles concentrations.

 

2.2. La concentration et la négation du territoire

Le désert français n’est pas loin[13]. L’urbain concentre la quasi-totalité des forces vivent des territoires. Les surfaces bâties drainent la totalité des fonds disponibles, des potentialités de développement et des investissements.

Dans cette perspective le territoire est oublié. Il y a une forme de négation du territoire global. Cette réalité silencieuse résulte de la force de façonnement, de la préservation des centres urbains dominants et d’une volonté affirmée de densifier continuellement les territoires urbains.

 

2.2.1. La force de façonnement

Cette force n’est pas quantifiable. Elle est à peine perceptible et parfois difficilement admissible. Elle est cet élément indéfinissable qui fait que des populations s’implantent en un lieu, à proximité d’activités, de gens et de potentialités qui semblent satisfaire à leurs aspirations[14].

Cette force est constituée en premier lieu de l’appartenance à une origine, à une culture ou à un mode de vie. Ainsi, des quartiers ethniques se constituent, se densifient et s’affirment au fil des flux migratoires. Le soutien, le lien originel et l’appartenance font que les marginaux, les Chinois ou les Roms vont vivre là où des groupes les ont précédés afin de simplifier leur intégration et leur vie courante.

L’image du territoire constitué ou en cours de constitution résulte aussi des idéaux, des dynamiques des populations et des images véhiculées par les habitants du lieu. Que ce soit sous l’influence de la nouveauté, de l’affirmation d’un mode de vie ou de l’impossibilité de faire autrement, les populations sont incitées à s’implanter en un lieu répondant à leurs pulsions ainsi qu’à leurs aspirations.

Enfin la dernière force de façonnage est celle induite par les actions publique qui produisent des lieux destinés à une catégorie de population. Cette action du pouvoir, quelque soit sa forme, une cité, un type d’habitat ou une politique d’aménagement, contribue à la concentration et à l’attraction d’une population.

2.2.2. La préservation des centres dominants

Qu’il est difficile d’accepter de partager les revenus des activités commerciales ou des centres d’activités. Qu’il est complexe de répartir sur tout le territoire national des structures sources de profits, d’images et de pouvoir. Ces attitudes très humaines contribuent à la préservation des centres dominants.

Le pouvoir, l’influence et la domination d’une ère ne se partagent pas. Toutes les actions entreprises sont centrifuges. Chaque implantation a l’obligation de renforcer le centre urbain initiateur et d’affirmer la puissance du pouvoir local ou régional. Les structures décisionnelles reproduisent leurs modes de fonctionnement : centralisation, hiérarchisation et dépendance au pouvoir central.

Il y a ainsi la conservation de l’influence du centre urbain sur la dynamique périurbaine. L’extension urbaine s’effectue sous un contrôle étroit du centre décisionnel. L’idéal pour ce dernier est que les implantations se fassent directement dans sa couronne d’influence, ce qui densifie son tissu urbain et intensifie son rayonnement.

2.2.3. Densifier les territoires urbains

La volonté de densification des territoires urbains résulte de la préservation de ces mêmes centres. Elle est indissociable d’une forme de négation de ce qui n’est pas purement urbain. Elle est aussi une démarche dont la finalité est de densifier exclusivement l’urbain au détriment des zones proches et des zones rurales qui impliqueraient des gestions différenciées du territoire national.

Les économies d’échelles, les regroupements sur des bassins d’emplois, la projection immédiate et la rentabilisation sans gestion sur le long terme sont autant d’aspects qui contribuent à la densification d’un territoire. Ces démarches sont voulues, induites et soutenues par les politiques publiques qui privilégient des zones d’exploitations impératives. Ainsi toutes les potentialités économiques, éducatives et de services se trouvent concentrées sur des parcelles réduites afin qu’une gestion immédiate soit réalisée sans concevoir les contraintes de telles densités et de négation des territoires proches.

 

2.3. L’absence de centralité locale ou vivre aux marges

La concentration de moyens et de population engendre un phénomène pernicieux : l’absence de centralité locale. Cela peut sembler une aberration puisque toutes les populations s’entassent à proximité d’un centre urbain. L’absence de centralité[15] est exprimée en fonction des distances que doivent parcourir les populations pour se rendre sur leur lieu de travail ou sur des lieux de loisirs ou pour bénéficier des services publics comme les administrations ou les hôpitaux.

Cette situation d’absence de centralité provient du développement de constructions déshumanisées, d’une action non concertée de s’implanter là, et d’une solution de facilité d’abandon des zones devenues obsolètes ou passées de mode.

 

2.3.1. Des constructions déshumanisées

Les habitants des barres d’immeubles ont fait de leur lieu de résidence un lieu de vie. Ils ont leur identité[16]. Ils sont chez eux. Ils donnent vie à ces structures. Ils vivent depuis des décennies dans ces lieux. Leur existence atteste des fabuleuses qualités d’adaptation de l’homme à son milieu de vie.

Toutefois, nous devons mettre en évidence un sentiment, une perception et une subjectivité : ces constructions sont déshumanisées. En effet, leurs dimensions, leur concentration, leur superposition, leur cadre de vie, l’absence d’identité individuelle et une forte dépendance aux réseaux de desserte attestent de cette déshumanisation.

Des outils fonctionnels facilitant les fortes concentrations humaines au moindre coût ont été construites pour satisfaire des démarches politiques publiques. Ces actions publiques répondaient dans l’immédiateté et à l’économie à des attentes humaines. Ainsi le cadre de vie, le cadre d’existence des populations des classes moyennes, est devenu une source de revenus et de rentabilisation dans laquelle l’individu n’est rien qu’un objet de profit. Cette lecture négative se vérifie tous les jours lorsque par exemple l’état de délabrement est constaté ou lorsqu’il faut attendre plusieurs mois pour que les ascenseurs soient réparés. Les dénominations de cages à lapins attestent de cette réalité. Cependant, les habitants en ont fait leur lieu de vie et ils ont des difficultés à quitter le seul endroit où ils ont pu vivre du fait des ségrégations induites par les politiques publiques.

2.3.2. S’implanter là

S’implanter là était tellement simple[17]. En effet, il y a une quarantaine d’année la demande était tellement forte qu’il fallait y répondre dans les moindres délais. Ces réponses dans l’immédiateté satisfaisaient les demandeurs. Les constructions, les réseaux routiers et les infrastructures permettaient d’aller travailler et de vivre.

Mais leur efficacité n’était qu’immédiate. L’implantation en un lieu, là, ne voyait pas au-delà de la réponse et des contraintes à moyenne échéance. Les acteurs publics, les forces politiques et les idéaux du moment ont contribué à faire d’un lieu une zone de vie, un nœud autoroutier ou une structure nodale. Pour un coût financier acceptable et surtout rentable les décideurs en implantant là, aux marges d’une entité urbaine, dans un espace périurbain ou dans la grande couronne d’une ville contribuaient à l’affirmation de la domination d’une ville sur les espaces terrestres proches.

2.3.3. La solution : abandonner des zones

Une parcelle trop restreinte, trop contraignante ou insuffisamment porteuse d’image positive est irrémédiablement abandonnée. Cette solution simpliste est employée par les agents publics et les investisseurs. Dans le cas où les investissements de rénovations sont trop coûteux, comparativement à une nouvelle construction ailleurs, un peu plus loin, soutenue par des fonds publics, le choix est rapide : l’abandon.

Ces vastes territoires construits deviennent des friches urbaines ou des friches industrielles. Le vide laissé est propice à l’attraction des populations défavorisées ou des groupes en phase d’affirmation sociétale comme des groupes d’artistes à la recherche de lieux suffisamment vastes pour exercer leurs passions et leur source de revenus.

L’abandon favorise l’accaparement d’anciens territoires, contribue à de nouvelle territorialisations fondées sur des territorialités spécifiques. Ces dernières sont induites par la nature des nouveaux venus, marginaux ou artistes, leurs activités légales ou illégales, leurs modes de concentrations ethniques ou d’immigration illégale. Ces parcelles abandonnées sont des zones de marginalisations[18] car elles sont positionnées par les agents publics hors des réseaux antérieurs. Une rupture s’est constituée lors de l’abandon.

 

3. Les conséquences des phénomènes de territorialisation

L’exemple des SDF du canal Saint Martin est l’une des conséquences de ces phénomènes de territorialisations. Cependant, cette manifestation est loin de représenter la multitude de conséquences liées à ce phénomène[19]. Elles révèlent une large diversité de visages et de réalités au cœur du tissu urbain[20].

Tout d’abord elles sont les vecteurs de la production d’une identité territorialisée. Ensuite, elles engendrent des dynamiques propres aux territoires exprimés. Enfin, le phénomène est pris en considération, par les différents acteurs étatiques, avec l’expression d’une volonté de réponse donnée, ou tout au moins ébauchée, pour les problèmes rencontrés.

 

3.1. La production d’une identité territorialisée

Le territoire construit, affirmé et reconnaissable est à même de contribué et d’être le support à la production d’une identité territorialisée. Cette identité est l’image proposée, imaginée ou perçue par les populations source du territoire et celles qui observe ce terrain.

Cette identité s’articule sur des dimensions propres au territoire constitué, en fonction de temporalités spécifiques ainsi qu’en relation avec le domaine propre de celle-ci.

3.1.1. Dans ses dimensions

Les dimensions de productions des territoires sont des plus variables[21]. La grande diversité des populations perçues comme problématiques engendre tout autant de dimensions de territoires d’expression et d’existence.

Ces territoires vont de la niche individuelle posée le long d’une route à grand passage, jusqu’à la cité imposée par un choix politique, aux marges d’une grande ville, juste à coté d’une autoroute. Entre ces deux extrêmes se positionnent les axes, les quartiers et les zones d’activités. Ce sont des territoires gigognes qui se tolèrent et se préservent. Les jeux de dimensions permettent à chaque groupe, activité ou décision de trouver une parcelle d’implantation, d’affirmation et d’existence. Les prostituées rejetées à l’extérieur des centres villes n’ont besoin que de quelques mètres carrés pour se livrer à leur commerce. La volonté sécuritaire incite ces personnes à s’exiler dans des lieux toujours plus à l’écart et toujours plus dangereux pour elles. Les friches industrielles attirent les marginaux. Ils ont de vastes bâtiments pour vivre et s’exprimer. L’abandon des anciens centres industriels, pour causes de rentabilisation, devient l’étincelle de concentration de groupes potentiellement problématiques. Nous passons des quelques mètres carrés à quelques hectares.

3.1.2. En fonction de temporalités

Les temporalités[22] perceptibles, au cœur de l’urbain et propices à la production d’un territoire de populations dites problématiques induit par les politiques publiques, révèlent un grand nombre de facettes dans leurs réalisations.

Ces temporalités vont du simple passage lors des mouvements pendulaires sur les axes de communications où nous trouvons des populations problématiques qui territorialisent[23] la route par le simple fait de la conduite dangereuse. Elles sont plus longues lorsque les groupes ou les individus s’implantent pour quelques heures sur un carrefour, à proximité d’une bouche de métro ou dans une zone de transit de marchandises. L’agent public a implanté une infrastructure en un point et sa destination est détournée pour une activité illégale pendant quelques heures. Ainsi l’action publique d’aménagement contribue à une territorialisation ponctuelle dans le temps. Les temporalités plus longues sont les plus fréquentes et les moins caution à la polémique. Elles sont celles des habitants des cités, des barres, des immeubles vétustes voire des parcelles derrière le périphérique. Dans ce cas les temporalités sont de l’ordre de la décennie et pour certains de toute leur vie puisqu’ils y sont nés.

3.1.3. Selon des domaines particuliers

La production d’une identité territorialisée par les populations dites problématiques résulte de domaines particuliers qui projettent et rendent perceptibles les aspirations de ces populations. Ces domaines producteurs d’identité sont fortement dépendants des activités des habitants et des utilisateurs des territoires observés.

L’identité territorialisée, qui donne le référent perçu au territoire constitué, s’articule en premier lieu sur les relations existantes au cœur du territoire, sur l’intégration en cours ou effectuée ainsi que sur les origines de l’initiation de ce territoire. Les acteurs sont interdépendants dans l’identité exposée.

En second lieu cette identité trouve des conséquences dans le choix des références et dans l’expression de la mémoire sélective diffusée par les habitants et les utilisateurs du territoire. Pour ces aspects l’identité proposée dépasse l’immédiat de la perception elle fait plongé l’observateur dans les évènements qui ont contribué au territoire. L’identité est une image vivante de mémoire accessible à chacun.

Ce constat nous mène à l’identité de l’image et de la perception. C’est-à-dire ce que veulent exprimer les gens, ce qu’ils diffusent au monde et ce qu’ils veulent qui soit dit. A l’ère de la communication[24] l’image projetée pour territorialiser un territoire et affirmer sa réalité est un vecteur des plus efficaces.

 

3.2. Les dynamiques propres de ces territoires

Un territoire est construit en fonction des potentialités de ses initiateurs. Ces dimensions, ces activités et son rayonnement dépendent des dynamiques propres induites au cœur du territoire qui peut être personnifié par une part des personnes qui l’a élaboré.

Ces dynamiques propres proviennent d’une volonté d’affirmation des producteurs, de l’action de concentration en un lieu défini et borné. Cet ensemble est associé à une idée de rejet et de répulsion en fonction de l’image et de l’intégration sociale du territoire construit.

 

3.2.1. Une volonté d’affirmation

Un territoire n’existe que s’il est reconnu par ceux qui y vivent et par ceux qui n’en font pas partie. Pour pérenniser un territoire ses acteurs sont dans l’obligation qu’il soit vivant de l’intérieur. C’est-à-dire qu’il soit animé de dynamiques porteuses de son affirmation.

Cette affirmation multidimensionnelle pourrait résider exclusivement dans la référence du lieu. Ce point référencé dans l’urbain, dans la diversité des territoires administratifs et économiques est presque suffisant. En effet, la seule expression : « je suis de tel lieu », suffit à définir l’individu, ses idéaux et ses attentes.  Le lieu par sa dénomination est le vecteur, la dynamique de communication que l’on peut positionner sur une carte, que l’on peut définir et que l’on peut comparer. Le territoire induit par les politiques publiques est alors référencés dans les imaginaires.

Cette référence n’est pas que le point sur une carte, elle est bien plus large et composite. Elle englobe avec diverses intensités et densité le nom du lieu, le mode de vie, la forme de culture et les origines dominantes[25]. Ainsi la référence devient dans son détail une mosaïque complexe propre à l’affirmation de l’identité par les dynamiques qui l’animent.

 

3.2.2. La recherche de concentration

L’affirmation solitaire d’une identité même si elle est extrêmement dynamique n’est pas suffisante pour que le territoire puisse demeurer. Il lui faut, pour être une entité vivante, concentrer toujours plus de populations[26], d’activités ou de faits. Il lui faut s’autoalimenté pour ne pas stagner et être oublié.

Dans ce contexte de conquête des esprits et des forces vivent deux grands aspects s’opposent : le positif et le négatif. La concentration négative est celles des territoires violences[27]. Ces territoires véhiculent la haine, le rejet, le sectarisme, le racisme, les trafics, des idéaux d’appartenance et des modèles de violence. Certaines cités, des friches urbaines, des squats, des axes de communications diffusent de telles dynamiques. Leur difficulté d’accès, la peur des attaques et la densité de délinquance font que les politiques publiques délaissent ces territoires hors la loi.

A l’inverse, l’aspect positif est constitué de dynamiques d’attraction économique, de potentialités d’expansion, de qualité de vie, de beauté des lieux en un mot d’attractivité globale du territoire constitué. Cette attractivité est élaborée pour drainer le maximum d’énergie extérieure dans le territoire, que ce soit un quartier, une zone industrielle ou une nouvelle structure nodale.

3.2.3. Le rejet et la répulsion

La supposition de l’induction par les politiques publiques de territoires propres aux populations dites problématiques ne peut pas être une génération spontanée. Si une telle hypothèse est née c’est que des phénomènes de rejet et de répulsion au sein du tissu urbain étaient perceptibles.

Le rejet et la répulsion sont tout d’abord l’expression physique de la frontière utilisée pour délimiter un territoire. Le périphérique qui sépare l’urbain crée un rejet physique : il faut franchir le ruban d’asphalte. Un parallèle peut être fait avec la seine, rive droite/rive gauche d’un coté des populations riches et d’autres paupérisées. Il est vrai que les politiques publiques ne sont pas totalement responsables de ses territorialisations mais elles y ont contribué. Le bloc, le corps solide ou l’ensemble de béton sont autant d’élément qui engendre un phénomène de rejet inscrit dans les mémoires collectives. Il induit d’idée d’un ailleurs, de l’autre et des autres. Ce qui est là-bas, au loin, qui regroupe tel type de populations avec tels comportements voilà des répulsions encore très présentes produites partiellement par les politiques publiques qui ont concentré sans diversifier.

 

3.3. Une volonté de réponse

Les agents publics, les acteurs locaux et les habitants résidents hors des territoires des populations dites problématiques induits par des politiques publiques, s’efforcent de répondre à ce phénomène de production territoriale non souhaitée[28].

Les réponses[29] conçues s’articulent sur des orientations publiques émanant des solutions étatiques. Elles sont complétées, soutenues voire incitées par des réponses locales, adaptées à des situations ponctuelles. Enfin, ces réponses sont celles des groupes résidents qui s’appliquent à une plus grande intégration.

 

3.3.1. Par l’action publique

Sous l’impulsion de l’Etat l’action publique tend en direction de la disparition des zones de tensions au sein de l’urbain. L’Etat a conscience de l’inadaptation des politiques passées et tente de proposer des solutions qui n’engendreront pas les mêmes types de difficultés dans les années à venir[30].

L’Etat prône la diversification du tissu social, la mixité et la fin des grandes densités. Il met des valeurs sociétales au premier rang de ses préoccupations. Il s’efforce d’implanter des habitats sociaux sur l’ensemble des territoires urbains. Il veut une évolution des pensées, des actions et des choix d’urbanisation[31]. Il recherche la qualité de vie pour les citoyens qui n’ont pour solution que l’habitat social pour se loger. L’action publique est multidimensionnelle. Elle veut gérer et orienter l’aménagement urbain en relation avec l’aménagement du territoire en fonction des grandes orientations et des axes choisis[32].

 

3.3.2. Des engagements locaux

Sous l’impulsion des agents locaux les politiques étatiques sont poursuivies avec plus ou moins de bonheur. Cependant, il est à noter que toutes les grandes agglomérations ont entrepris des rénovations, des réhabilitations et des améliorations du tissu urbain afin qu’il devienne plus vivable pour les populations paupérisés.

Toutefois, ces actions de grandes qualités portent sur des volumes très faibles d’aménagements, de constructions et de projets. Les populations concernées ne sont qu’une faible part de ceux qui peuvent aspirer à un cadre de vie plus agréable. Les engagements locaux sont aussi soumis aux mouvances des politiques locales pour lesquelles des équilibres ponctuels sont préservés au détriment d’autres. Les contrecoups des choix sont plus palpables qu’au niveau étatique. L’action locale répond au cadre de vie, à des besoins immédiat en fonction des fonds disponibles. Les petites municipalités ne peuvent pas répondre, alors que, peut être elles sont la solution pour éviter des territoires de ruptures sociétales.

 

3.3.3. L’action des groupes

Sous l’impulsion des acteurs du lieu et des partenaires de proximité des actions de groupes sont entreprises. Elles n’ont pas les dimensions, la portée et la résonnance d’une action étatique mais elles ont le mérite d’exister et de s’adapter au cas par cas[33].

Les associations de quartier, les communautés ou les associations religieuses, s’efforcent de trouver des solutions pour juguler l’expression négative d’un territoire, ou simplement pour faire en sorte qu’un espace territorialiser soit bien intégré dans le tissu social et dans le tissu urbain. Pour parvenir à de tels objectifs, les groupes internes au territoire s’ouvrent à la diversité, partagent leurs expériences, développent des communications et recherchent l’intégration la plus large. Le lieu de tension ou de rejet induit par une politique publique, quelle porte sur de l’aménagement ou de l’habitat, est alors gommer par une action interne, par une prise en considération de la nécessité d’appartenir pour évoluer.

 

 



[1] Des relations sur les liens entre les acteurs sociaux, la société et les productions territoriales telles que l’habitation sont en adéquation avec de nombreux développement présentés dans : MAUSS Marcel, 2002, Manuel d’ethnographie, Paris, Payot, 363 p.

[2] WACKERMANN Gabriel, (dir.), 1996, Nouveaux espaces et systèmes urbains, Paris, SEDES, 489 p.

[3] FERRIER J.-P., 1998, Antée 2, Le contrat géographique ou l’habitation durable des territoires, Dijon : Editions Payot, 251 p.

[4] Nous pouvons porter notre attention sur les publications de l’Observatoire de la délinquance qui dresse tous les deux mois un tableau de la situation nationale et nous informe partiellement sur ces faits.

[5] GUTWIRTH Jacques, 1982, Jalons pour l’anthropologie urbaine, L’Homme, volume 22, n°4, pp. 5-23.

[6] BERTHOZ Alain, RECHT Roland, (dir.), 2005, Les espaces de l’homme, Paris, Odile Jacob, Collège de France, 394 p.

[7] DAGONET François, 1977, Une épistémologie de l’espace concret, Paris, Vrin, 223 p.

[8] BODY-GENDROT Sophie, PAQUOT Thierry, LUSSAULT Michel, (dir.), 2000, La ville et l’urbain l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 442 p.

[9] LAURIN S., (dir.), 1999, L’éducation géographique. Formation du citoyen et conscience territoriale, Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec, 315 p.

[10] CORCUFF Philippe, 1993, Un ovni dans le paysage français ? Eléments de réflexion sur l’évaluation des politiques publiques en France, Politix, volume 6, n°24, pp. 190-209.

[11] GAUDIN Jean-Pierre, 1985, « La cité reconstituée ». Techniques de planification urbaine et légitimités politiques au début du XXème siècle, Revue Française de Science Politique, volume 35, n°1, pp. 91-110.

GAUDIN Jean-Pierre, 1995, Politiques urbaines et négociations territoriales. Quelle légitimité pour les réseaux des politiques publiques ?, Revue Française de Science Politique, volume 45, n°1, pp. 31-56.

[12] JOBERT Bruno, 1985, L’Etat en action, l’apport des politiques publiques, Revue Française de Science Politique, volume 35, n°4, pp. 654-682.

JOBERT Bruno, 1992, Représentations sociales, controverses et débats dans la conduite des politiques publiques, Revue Française de Science Politique, volume 42, n°2, pp. 219-234.

[13] Il serait plus juste de parler de désert urbain puisque la région parisienne concentre 1/5 de la population et le 1/3 des potentialités économiques.

[14] HERIN Roger, 1990, Lire l’espace comprendre les sociétés, Caen : Centre de Publication de l’Université de Caen, 190 p.

[15] Des aspects de la centralité, de son rôle et de sa portée sont dépeints dans : GRAFMEMEYER Yves, 2006, Sociologie urbaine, Paris, Armand Colin, 128 p.

[16] LAURIN S., (dir.), 1999, L’éducation géographique. Formation du citoyen et conscience territoriale, Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec, 315 p.

[17] LABERGE Danielle, ROY Shirley, 2004, Pour être, il faut être quelque part, Sociologie et Société, volume XXXIII.2., pp. 115-131.

[18] BRUN-PICARD Yannick, 2003, Territorialisation de la violence, inédit, colloque Territoires partagés, Rimouski, Canada.

[19] MATHIEU Lilian, 2002, Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux, Revue Française de Science Politique, volume 52, n°1, pp. 75-100.

[20] GAY Louis, HAMEL Pierre, 2004, Les villes contemporaines à la croisée des choix collectifs et individuels, Recherches Sociologiques, Canada, volume XLV, 3, pp. 427-439.

[21] FERRIER J.-P., 1984, Antée 1, La géographie, ça sert d’abord à parler du territoire ou le métier des géographes, Gap : Edisud, 254 p.

FERRIER J.-P., 1998, Antée 2, Le contrat géographique ou l’habitation durable des territoires, Dijon : Editions Payot, 251 p.

[22] BAUDELLE Guy, REGNAULD Hervé, 2004, Echelles et temporalités en géographie, Paris, SEDES, 175 p.

[23] Les conducteurs aux comportements dangereux sont considérés comme des acteurs d’une territorialisation d’une production d’une politique publique : la route. Ces acteurs par leur conduite s’approprient l’axe au mépris de tous les autres utilisateurs. Cette appropriation ponctuelle est aussi vérifiable dans les transports en commun où des populations, des groupes, font actes de violences en prenant les bus comme territoires d’expressions.

[24] Sur le thème de la communication de ses aspects de sa portée et de ses enjeux on peut se référer : BRETON Philippe, 1997, L’utopie de la communication, Paris, La Découverte, 172 p. LEVY Pierre, 1998, Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris, La Découverte, 158 p. MATTELART Armand, 2003, L’invention de la communication, Paris, La Découverte, 380.

[25] BRAUD Philippe, 1993, Regard comparatiste sur les violences urbaines, Revue Française de Science Politique, volume 43, n°6, pp. 1027-1031.

[26] ASCHER François, 1995, Métapolis ou l’avenir des villes, Paris : Odile Jacob, 347 p.

[27] WATTHEE-DELMOTTE Myriam, (dir.), 2002, La violence : représentations et ritualisations, Paris, L’harmattan, 328 p.

[28] LALONDE Luc, MERCIER Nathalie, 2001, Briques et éthique : du logement autrement mais comment ?, Nouvelle Politique Sociale, volume 42, n°2.

[29] Un très grand nombre d’organismes étudient, observent et analysent l’évolution de l’urbain dans toutes ses diversités. Les sites Internet de ces organismes nous offrent un volume considérable d’informations. Le Ministère du logement et de la ville (www.logement.gouv.fr), le Centre de sociologie des organisations (www.cso.edu), l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (www.anru.fr), le laboratoire d’investigations en prospectives stratégie et organisation (www.cnam.fr/lipsor/recherche/), ou encore : l’Ecole nationale d’administration, le programme national de rénovation urbaine. A cela s’ajoute de nombreuses publications qui mettent ponctuellement et sur le long terme en perspectives les actions et les situations sur l’urbain : Recherches sociographiques, Revue d’histoire des sciences humaines, Revue urbanisme, Revue française d’administration publique, Revue française de science politique. Ces différentes sources apportent des éclairages sur les actions entreprises, les résultats et les perspectives ainsi que sur les projets en cours ou à venir.

[30] LECA Jean, 1996, Enjeux, controverses et tendances de l’analyse des politiques publiques, Revue Française de Science Politique, volume 46, n°1, pp. 96-133.

[31] FONTAINE Joseph, 1996, Evolution des politiques publiques et sciences sociales utiles. Raisons des décideurs, offres expertises et usages sociaux dans quelques pratiques régionales, Politix, volume 9, n°36, pp. 51-71.

[32] NIOCHE Jean-Pierre, 1982, De l’évaluation à l’analyse des politiques publiques, Revue Française de Science Politique, volume 32, n°1, pp. 32- 61.

[33] Les sites Internet des différents ministères ainsi que des conseils régionaux mettent en évidence leurs actions et leurs réalisations sur l’urbain et l’amélioration du cadre de vie pour les populations en difficulté.

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 14:09

 

Résumé :

Cette approche analytique, synthétique et non exhaustive prend son origine sur la supposition que les politiques publiques induisent des territoires des populations dites problématiques. Elle a pour finalité d’exposer les mécanismes, les causes et les conséquences de cette induction. Les actions publiques d’investissements, d’implantations d’infrastructures ou de construction de logements sont mises en relations avec des populations de travailleurs paupérisés, des jeunes marginalisés ou des immigrants qui se logent là où ils le peuvent. Des territoires, des zones bornées et reconnues, sont produits. Ils deviennent des lieux de vie porteurs d’une identité avec ses dynamiques propres. Ces territoires incitent les différents acteurs à trouver des solutions de gestion. Toutefois, de nombreux enjeux sont perceptibles dans les domaines politiques, sociétaux, territoriaux et de projection afin que ces populations ne soient plus considérées comme problématiques pour leurs territorialisations.

 

Mots clefs : territoire, territorialisation, politiques publiques, habitat, populations problématiques, paupérisation, réseaux urbains, constructions, aménagements.

 

 

Introduction

 

L’année 2007 a débuté avec un mouvement social soutenu par les enfants de Don Quichotte. Des sans domicile fixe (SDF) ont implanté des toiles de tentes, au cœur de Paris, sur les quais de la Seine, le long du canal Saint Martin. Ils montraient à la face du monde l’une des facettes des errances de nos sociétés. Ils exposaient, fermement soutenus médiatiquement, cette pauvreté, cette paupérisation et les maux de notre réalité quotidienne. Devenir SDF n’est pas directement lié à des politiques publiques, le phénomène n’est que partiellement induit. Les acteurs publics ne sont pas totalement responsables de la désagrégation sociétale dont nous avons que partiellement conscience. Le mal est plus profond.

Toutefois, les SDF, en réponse aux incompétences, aux inadaptations ou à l’absence de réel courage, se sont appropriés une partie de l’espace public. Ils ont territorialisé leur action, leur existence et leurs aspirations. Leur territoire[1] de tentes est devenu, durant quelques semaines, un symbole de lutte contre les politiques publiques qui accentuent les fractures sociales. Leur territoire[2], cette bande de trottoir bornée à chaque extrémité par des banderoles et structurée par des toiles de tentes, est devenu, le temps d’une réaction, le territoire de populations dites problématiques induit par des politiques publiques.

Au regard de ces faits nous posons le postulat suivant : chaque homme, groupe et société fabriquent, élaborent et projettent un territoire[3], quelle que soit sa destination, son origine et sa forme. Ce support physique[4], virtuel et cognitif est un cadre de vie, d’existence et d’affirmation des initiateurs à cette construction. Le territoire devient une forme de vitrine, d’expression et de reflet des constructeurs dans/sur les systèmes sociétaux au cœur desquels ils évoluent.

Il en découle l’hypothèse selon laquelle les politiques publiques sont des sources, elles induisent et elles contribuent à la production des territoires des populations dites problématiques, qui elles-mêmes, pour une partie, résultent des contrecoups de ces politiques publiques. L’observation s’effectue sur un système de réentrée[5]. Une action publique est entreprise pour juguler un problème qui intensifie les ruptures, lesquelles incitent à des aménagements afin de parvenir à un équilibre selon le principe de moindre contrainte. Ces actions et réactions mettent en conflits des temporalités courtes de satisfaction personnelles, un peu plus longues d’aspirations du groupe et beaucoup plus longues de réponses et de propositions des sociétés. En quelques sortes, de l’action publique résultent des territoires origines de potentielles tensions sociétales.

Les politiques publiques depuis 50 ans[6] ont considérablement transformé les villes, le tissu urbain et les territoires urbains. Des politiques ont été développées, entreprises et soutenues pour répondre, en partie, aux populations dites problématiques ou qui pouvaient le devenir. Les populations dites problématiques sont constituées d’une grande diversité d’acteurs, des travailleurs paupérisés[7], des chercheurs d’emploi, des SDF ou des personnes vivant aux marges de la société, voire d’une manière plus insidieuse des populations entassées dans des cités construites pour y loger le plus grand nombre. Des territoires propres à ces populations ont été élaborés, affirmés et diffusés au cœur de l’urbain. A l’intérieur de ces interfaces les populations s’expriment, se défendent et parfois survivent.

Quels sont ces territoires ? Quels sont leurs modes de territorialisations, leurs mécanismes et leurs acteurs ? Quelles sont leurs dynamiques, leurs expressions et leurs perceptions ? Comment des territoires spécifiques aux populations dites problématiques ont été élaborés au sein du territoire national, constituant ainsi autant de territorialisations sociétales induites par des territorialités propres aux conséquences multiples ? Pourquoi pouvons nous dire que les politiques publiques ont produit les territoires des populations dites problématiques et quels sont les enjeux perceptibles ?

Notre regard, notre analyse et notre décorticage des phénomènes de territorialisations perceptibles ne reflètent qu’une partie de la réalité. La mise en exergue de ces territoires s’effectue dans l’espace social[8] produit par les relations développées par les acteurs qui lui donnent vie. Cet espace sociétal[9] se structure sur/par des rapports sociaux dépendants de la mémoire et de la conscience collective, dans des cadres spécifiques de relations et d’échanges avec des interdépendances entre les acteurs. La perception de la constitution de ces territoires devient plus accessible lorsque les frontières qui les constituent sont tracées et deviennent lisibles pour tout un chacun.

L’espace général d’observation, dans lequel sont construits les territoires des acteurs sources de la production des territoires des populations dites problématiques, englobe ces diversités. La globalité, de cet espace et de ces interactions, facilite l’accès à ce phénomène de territorialisation développé par les populations problématiques, induites par les politiques publiques pour lesquels des perspectives et des enjeux sont perceptibles. 

 

 

 

1. Les acteurs de la production des territoires

Notre hypothèse, de l’existence de territoires, des populations dites problématiques, induits par des politiques publiques, implique que nous prenions appui sur une structure conceptuelle adaptée à cette réalité. Celle-ci doit nous permette d’évaluer les constats, de vérifier les faits, d’être en mesure de comparer le phénomène en divers lieux et qu’elle soit reproductible, de manière similaire, dans une trame urbaine.

Pour répondre à cette exigence nous mettons en exergue les acteurs de ces productions. Une attention particulière est portée aux populations dites problématiques ainsi qu’aux formes des politiques publiques qui, à notre sens, induisent des territoires. L’association de ces deux aspects, en relation avec la structure d’observation, facilite la perception des territoires constitués sous la forme d’une interface humanité/espaces terrestres. 

 

1.1. Mettre en exergue ces acteurs

Mettre en exergue est relativement restrictif. En effet, seuls quelques aspects, domaines ou facettes sont pris pour supports d’observation. La totalité, des constituants des populations données comme problématiques et des politiques publiques, n’est pas présentée. Un ensemble est proposé afin de saisir une part de la réalité côtoyée chaque jour.

Cependant, des précisions sont à formuler sur les outils conceptuels employés dans la réflexion et les observations exposées, sans pour cela négliger les points de convergences des agents de production de ces territoires.

 

1.1.1. Orientations et options méthodologiques

La perception proposée est une vue synthétique, orientée et restrictive. Elle va directement, sans détour, sur les pierres d’achoppement de notre société. Elle prend en considération autrui, dans ses potentialités, ses constructions et ses attentes. Elle ne pratique pas la critique positive[10]. La présence des SDF témoigne de l’inadaptation fonctionnelle et structurelle de la critique positive[11]. Cette dernière ne peut satisfaire que l’immédiateté, la médiatisation et la spéculation. Nous voulons prendre pour objet d’observation les aspects plus dérangeants, ceux que tout le monde côtoie, mais que l’on assimile à la normalité. Nous voulons sortir de la normalité en nous attachant aux phénomènes, qui se trouvent là, juste à nos côtés.

Cette orientation générale aux marges des constats contemporains[12] est porteuse d’humanisme[13]. Ce courant prend en considération les individus, les territoires dans lesquels ils vivent, les dynamiques qui en résultent et les réalités auxquelles les acteurs doivent faire face. Cet humanisme géographique[14] ne peut pas suffire à pénétrer la production de phénomènes sociétaux tels que les territorialisations, l’existence de populations que l’on nomme problématiques ou la mise en œuvre de politiques publiques sous la haute direction du pouvoir en place. Cet humanisme est complété, soutenu et guidé par les développements des différentes mouvances épistémologiques : constructivisme, anthropologique, et systémique[15]. A cela s’ajoute une forte influence de la théorie de la structuration pour laquelle A. Giddens[16] est employé comme référent. Dans une moindre mesure les développements de la géographie sociale[17], les ouvrages de réflexion sur les territoires[18], les villes et les expansions urbaines[19] nous ont servi de soutien. En outre, nous avons pris appui sur des approches sociologiques propices à nous relier aux faits sociaux, aux signes de territorialisations, ou simplement de communications, ainsi qu’à la production de nos espaces de vie. Cette diversité d’influences se trouve associée au cœur d’une phénoménologie proche de celle d’E. Husserl[20] et de celle de M. Merleau-Ponty[21].

Notre réflexion est ainsi largement ouverte afin d’accéder au vécu, à une réalité moins édulcorée et à une perception qui nous semble plus inscrite au cœur du présent. A ces grands thèmes de réflexion se greffent des supports plus fonctionnels. Ces outils, ces publications d’organismes d’observations et d’études[22] nous donnent une multitude d’informations synthétiques de différentes origines, dont l’objet est l’urbain dans toute sa complexité[23]. Ces revues et ces études nous apportent des éclairages ponctuels sur des faits précis, que ce soit la délinquance, l’habitat, les orientations des politiques publiques. A l’évidence nous avons sélectionné, seulement, quelques poignées de documents, leur totalité n’était pas exploitable au regard de leur nombre et de leur densité.

Notre démarche associe une volonté de pénétrer au cœur de la/d’une réalité[24], en relation avec des orientations épistémologiques essentiellement humanistes[25], tout en se référent à des productions analytiques des faits urbains observables. Les territoires des populations dites problématiques produits par des politiques publiques nous semblent plus accessibles, perceptibles et exploitables.

La trame méthodologique est largement ouverte sur la diversité tout en conservant des guides influents dans le processus de l’étude entreprise. L’observation et la reconnaissance de facteurs objectifs sont les prémices à la compréhension des phénomènes sociaux. Dans la perspective d’un savoir transversal, quasiment transdisciplinaire, nous nous appuyons sur des influences lointaines comme celle de Condorcet, plus récente de Durkheim[26] et pratiquement contemporaines avec Weber[27] pour le moins. Orientés par ces différentes sources nous accédons à la nature de l’objet dans ses dimensions, ses acteurs, ses domaines, la culture présente et ses influences. Nous pouvons percevoir les formes d’évolutions sociétales avec les forces en présence, les rôles, les temporalités ou encore les phénomènes d’attraction et de répulsion avec la plus grande objectivité indissociable de notre action. Tout en ayant conscience de la subjectivité, qui nous a mené au choix de l’objet, les préjugés ou les présupposés sont aisément dépassés en demeurant exclusivement dans le cadre des limites des politiques urbaines et des populations dites problématiques.

 

1.1.2. Des outils conceptuels

L’articulation conceptuelle est extrêmement dépouillée. Les outils qui la constituent sont des concepts simples et fonctionnels employables sur la totalité des tissus urbains existants. Cette ossature souple contribue à un regard détaché sur le phénomène de territorialisation abordé.

En tout premier lieu la différenciation[28] des acteurs ou des agents selon les perspectives dans lesquelles l’observateur se place. C’est-à-dire, découper, disséquer et individualiser chaque source de production d’une territorialisation. La différenciation facilite la hiérarchisation[29] des différents intervenants en fonction de leurs capacités, de leurs rayonnements ou de leurs implications dans les structures sociétales existantes.

Le concept de moindre contrainte permet de caractériser des relations entre les agents de production d’un nouveau territoire urbain. La moindre contrainte n’est pas un équilibre simple. Elle est une mise en contact de partenaires aux exigences très fréquemment antagonistes. La réalisation qui en résulte engendre des tensions acceptées, subies et perçues par les acteurs à proximité de la nouvelle construction. Ainsi est mis en perspective un phénomène contraignant qui façonne l’urbain en agissant sur les agents en action.

Lorsque ces mécanismes sont mis au jour les zones de rupture/continuité sont plus facilement accessibles. La rupture/continuité est un concept qui permet la reconnaissance de frontières invisibles. Par exemple, le tissu urbain est considéré comme étant continu. Toutefois, le périphérique crée une césure dans ce tissu. Il y a une rupture, non pas une discontinuité car celle-ci sous-tend l’uniformité du phénomène urbain et par extension celle de la surface terrestre. Cette rupture est incluse dans la continuité de l’urbain.

Lorsque ces trois domaines conceptuels sont structurés les réentrées[30] deviennent alors perceptibles. Le concept de réentrée dépasse celui de la boite noire. Il crée une boucle récursive dans laquelle les agents du phénomène étudié vont sélectionner des éléments de leur passé pour construire leur futur en élaborant leur présent. En quelque sorte la réentrée est une mémoire sélective pour une destination spécifique. Elle utilise des faits, des lieux et des acteurs en fonction des productions en cours et de leurs destinations à plus ou moins longue échéance.

Ceci lie la structure conceptuelle aux différentes temporalités pouvant être rencontrées dans l’urbain et pour les constructions propres à ce cadre. Ces temporalités vont du simple passage, aux mouvements pendulaires, en passant par des activités ponctuelles de jour ou de nuit, pour arriver à des durées de celle d’une existence dans un lieu. La nature des acteurs et la destination d’un lieu territorialisé deviennent plus lisibles par la reconnaissance de ces temporalités[31] pouvant être associées à leur élaboration.

Enfin, le dernier outil conceptuel est l’objet de la géographie : l’interface humanité/espaces[32] terrestres. C’est-à-dire la rencontre entre la volonté d’un groupe d’individu, la construction d’un lieu de vie et l’appropriation qui en résulte. Chaque interface constituée résulte des potentialités du lieu, de l’action des acteurs et de son intégration dans les relations entre les différentes zones anthropisées.

Cette structure d’observation et d’analyse du phénomène de territorialisation est dépouillée. A notre sens, elle facilite le détachement et la pénétration des dynamiques des agents mis en relation dans la production de nouveau territoires. Néanmoins, ce décorticage initial doit être complété par la détermination de points de convergences des différents acteurs.

 

1.1.2. Les points de convergence des acteurs

Les points de convergence des différents acteurs source de la production des territoires des populations dites problématiques se situent au cœur d’une interface humanité/espaces terrestres. Toutefois, celle-ci mérite que soient précisés les critères de regroupement et d’association, la trame évènementielle ainsi que les caractères propres au territoire construit.

Les regroupements et les associations effectués pour parvenir à la perception des populations dites problématiques se fondent sur les niveaux de vie, le cadre de vie et la perception extérieure de ceux qui ne vivent pas dans le même lieu. Nous associons un fait tangible, à des aspects de vie courante tout en les reliant à un regard extérieur.

Pour les évènements seuls les plus marquants, les faits médiatiques et médiatisés sont pris pour support. Ainsi les tensions du canal St Martin, les Roms en banlieue parisienne, des tensions dans les cités, sont associés aux chiffres des pourcentages des taux de chômage dans les cités ou dans certains quartiers.

Enfin, les caractères propres sont les traits immédiatement perceptibles : des barres d’immeubles, une forme d’insalubrité, des zones hors de toute desserte des transports. La mémoire collective et la subjectivité de la perception tiennent une large place pour la mise en évidence de ces lieux où les populations dites problématiques se regroupent.

 

1.2. Les populations dites problématiques

Les populations dites problématiques sont définies comme des groupes de personnes qui se trouvent hors de la norme sociétale. C’est-à-dire qu’elles subissent des contraintes lourdes au niveau économique, ou que leurs activités sont situées aux marges de la légalité, ou encore que leurs modes de vie et leurs dynamiques propres posent des problèmes de gestion aux autorités et d’intégration au sein du tissu social.

Ces populations sont la source de tensions, de rejet ou de dénigrements. Elles sont perçues comme telles en fonction de leur lieu de résidence, de leur origine ou de leur niveau de vie. Cette mise à l’écart sociétale engendre des ruptures au cœur de la société. Ces dernières ne sont pas une nouveauté[33]. De tous temps des quartiers regroupant les populations les plus démunies ont existé et ont été les porteurs d’images négatives.

 

1.2.1. Les aspects de nature économique

Les aspects de nature économique qui permettent de caractériser les populations dites problématiques ne sont pas tous exposés. Seuls les principaux traits sont abordés afin de conserver une perception la plus large possible.

Le niveau de vie, les revenus et la capacité de consommation sont les premières facettes prises en considération. Les populations dénommées problématiques englobent des personnes aux revenus équivalant ou guère supérieur au SMIC. Le pouvoir d’achat de ces personnes est faible. La part de l’alimentation et de l’habitat grève lourdement le budget disponible.

A ces personnes s’ajoutent toutes celles qui vivent des aides sociales, du RMI et des allocations chômage. Ainsi ces populations se trouvent dans une grande précarité financière. Elles ne peuvent pas quitter leur lieu de résidence. Elles ne peuvent pas accéder à la propriété et elles ne peuvent pas s’extraire du cercle vicieux dans lequel elles se trouvent.

La situation alarmante d’une grande part de ces populations a aussi un aspect économique incontournable : le désintérêt des investisseurs. En effet, ces personnes sont les oubliées de la société. Le système, les communications médiatiques et l’illusion générale donne l’impression que leur cas est pris en considération. Mais, au regard de leurs conditions de vie, de la paupérisation réelle ou rampante[34], de la qualité de leur cadre de vie et de leurs potentialités économiques nous sommes loin des actions porteuses prétendument menées par les investisseurs. 

1.2.2. Les activités liées aux populations dites problématiques

Les activités liées aux populations dites problématiques sont celles qui leur permettent de vivre ou plus justement pour certaines de survivre. Ces activités pour une large partie légale ne doivent pas occulter l’économie souterraine et les « biens tombés du camion ».

Ces populations sont dites problématiques car elles se trouvent dans une précarité certaine. C'est-à-dire que leur emploi est soumis au bon vouloir des employeurs qui pour l’heure ont une tendance non négligeable à délocaliser. Les postes tenus sont très souvent peu qualifiés.

En parallèle se trouvent les acteurs des revenus illégaux. Pour leur part ils ont des revenus, mais ils ne peuvent pas quitter leur lieu de résidence car ils ne seraient plus en sécurité. L’illégal, cette facette noire de l’économie ou tout au moins du commerce de proximité qui s’étend de la drogue aux pièces d’automobiles en passant par l’habillement irrigue les zones de résidence des populations problématiques. Bien sûr ce n’est pas la généralité. Cependant, la part de l’illégal est permanente quelque soit son intensité[35].

Une facette des activités de ces populations est celle de se situer aux marges de la société. Un nombre sans cesse croissant de personnes, volontairement ou malheureusement, est poussé ou simplement incité à basculer dans la frange marginale des populations urbaines. Ce sont des SDF, des marginaux ou des travailleurs pauvres. Ils ne peuvent pas se loger à proximité de leur lieu de travail ou ils s’implantent, là, où ils peuvent avoir quelques pièces.

 

1.2.3. Les dynamiques des populations dites problématiques

Les dynamiques de ces populations résultent de leurs activités journalières. Elles sont plus ou moins intégrées aux réseaux économiques. Elles sont le plus souvent largement dépendantes des infrastructures collectives de transport et elles s’autoalimentent afin de ses préserver[36].

Elles sont des populations pendulaires. Matin et soir elles s’entassent dans les transports en commun. Leur nombre toujours plus important pose des problèmes de gestion des flux aux heures de pointes. Elles sont aussi les personnes qui travaillent en décalé, de nuit, en fin de journée ou au petit matin pour les travaux d’entretien ou de livraison. Elles sont donc pour une large partie dépendant des réseaux routiers et ferroviaire.

Une dynamique marquante est une forme d’esprit de corps[37], d’appartenance au lieu de résidence. Même si les collectif ne regroupe que peu d’acteurs lorsqu’il se crée un mouvement celui-ci entraîne la totalité du territoire concerné. Le lieu de résidence crée une forme d’unité identitaire (sur laquelle nous reviendrons). Il y a une capacité d’agir en masse, de lever la foule et de souder les diversités.

Afin de se préserver, de pouvoir vivre avec des revenus un peu plus dignes les populations données comme problématiques ont une capacité à se regrouper. Dans cette perspective les zones de résidence se densifient. Il y a un phénomène de concentration des personnes ayant le même niveau de vie, les mêmes potentialités et les mêmes problèmes à s’extraire des réalités de la société de consommation.

 

1.3. Les formes de politiques publiques

L’Etat[38], les collectivités territoriales et les différents organismes locaux développent des politiques d’aménagement et de développement de leur territoire sous leur responsabilité. Ces actions de gestion et de projection effectuées sur une parcelle du territoire national structurent le territoire et les territoires administratifs. Elles sont autant de vecteurs de modelage des lieux de vie et de travail.

Trois grands domaines dans cette perspectives sont déterminés : les actions sur l’habitat à l’image de l’habitat social ; le développement des réseaux tel que le TGV ; ainsi que des implantations spécifiques comme des industries.

1.3.1. Les actions sur l’habitat

Nous ne nous attachons pas aux différentes actions ou aux développements entrepris ainsi qu’à l’étude de chaque fait de construction d’habitats propices à une forme de mise à l’écart pour les populations dites problématiques. Des publications décrivent les orientations[39], les axes d’efforts et les constats sur tous les choix effectués. Pour notre part nous mettons en évidence les seuls aspects de l’habitat.

L’incontournable est la construction des barres d’immeubles sur le modèle soviétique. Lieux de concentration massive de famille aux revenus à l’origine moyen et aujourd’hui faible. Ces cités ont été jetées, là, à la périphérie des grandes villes. Elles furent le miroir d’une société qui voulait loger la totalité des demandeurs de logements en fonction de normes extrêmement rentable pour les maîtres d’œuvre.

Plus récentes sont les cités pavillonnaires. Les classes dites moyennes se concentrent là aussi en dehors de l’urbain. Les agents de l’état ou les représentants des collectivités territoriales favorisent ce type d’expansion. La périurbanisation se répand aux marges des bassins d’emplois. Des cités dortoir à plusieurs dizaines de kilomètres des lieux de travail sont construites.

Le troisième domaine est une forme de réhabilitation des centres urbains par la rénovation des immeubles du siècle dernier. Cette orientation est prise dans le but de conserver un dynamisme au cœur de l’urbain. Elle favorise à la fois des logements pour des populations aisées et des logements dits sociaux. Une forme de ségrégation silencieuse se constitue malgré la volonté des politiques.

 

1.3.2. Les démarches d’aménagement

La DATAR[40] publie des rapports, des observateurs proposent des constats sur les actions de cet organisme et les opérations entreprises par ce dernier bénéficient d’une large médiatisation. Dans le cas présent, seuls les aspects sources de la production d’un territoire pour les populations dites problématiques sont retenus.

Le tracé des routes, des autoroutes et des voies de chemin de fer sont autant de supports à favoriser des actions de territorialisations. En effet, ces réseaux créent des ruptures dans le tissu urbain. Ils produisent une frontière physique. Il faut franchir l’obstacle. Le choix des tracés n’est pas innocent. Il est effectué en fonction des inductions politiques et des orientations qui préservent des parties de l’urbain existant.

L’aménagement est élaboré tout particulièrement pour drainer les populations, pour canaliser les flux et pour articuler un réseau sur une structure choisie pour centre de gravité d’une zone d’emploi. Les potentialités d’attraction sont alors conçues comme des agents structurant un territoire d’exploitation.

Ces ensembles d’aménagements ne peuvent pas être dissociés des orientations politiques qui les guident et qui les initient. En effet, l’aménagement n’est en aucune manière innocent. Il est porteur d’idéaux, il privilégie un lieu au détriment des autres. La preuve la plus flagrante est l’écrasante domination de Paris sur le territoire français.

 

1.3.3. A la recherche de potentialités

A l’évidence les aménageurs se réfugient derrières la recherche des potentialités maximales pour leurs investissements. Ainsi sont justifiés aux yeux des observateurs les concentrations, l’oubli du territoire national et des orientations spécifiques pour ne servir qu’un seul lieu.

Les politiques publiques ont pour objectif d’augmenter les potentialités des territoires aménagés afin qu’ils répondent aux attentes des personnes y résidant et que ces améliorations favorisent l’implantation de nouvelles sources de revenus. Les décideurs s’efforcent d’implanter en des lieux qui répondent à des critères de gestion fixés par leurs attentes.

Dans cette perspective les aménagements sont concentrés sur des axes de communications facilitant l’augmentation du rayonnement d’une structure urbaine. Les répartitions sont faites sur des aires restreintes qui préservent les dynamiques existantes.

Ce sont des éléments structurants du territoire national. Ils permettent l’articulation entre les différents moyens de communications et les potentialités des infrastructures. Les répartitions ne sont pas fondées sur l’équité territoriale elles sont décidées en fonction d’une rentabilité immédiate. Ces potentialités ne sont évaluées et projetées que sur des durées extrêmement courtes qui dépassent à peine une décennie.

 

 



[1] BRUN-PICARD Yannick, 2005, L’humanisme géographique, thèse, Aix-en-Provence, Laval Québec.

[2] DI MEO Guy, 2000, Géographie sociale et territoires, Paris, Nathan, 317 p.

LEVY Jacques, LUSSAULT Michel, (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie, Paris, Belin, 1034 p.

[3] RONCAYOLO Marcel, 1997, La ville et ses territoires, Paris, Folio.

[4] FERRIER Jean-Paul, HUBERT Jean-Paul, NICOLAS Georges, 2005, Alter-géographies fiches disputables de géographie, Aix-en-Provence, PUP, pp. 237-264.

[5] LE MOIGNE Jean-Louis, 1995, Le constructivisme, des fondements, Paris : ESF, 252 p.

LE MOIGNE Jean-Louis, 1995, Le constructivisme, des épistémologies, Paris : ESF, 315 p.

[6] LACAZE Jean-Paul, 2006, La transformation des villes et les politiques publiques 1945-2005, Paris, PNEPC, 255 p.

[7] COTTA Jacques, 2006, 7 millions de travailleurs pauvres, la face cachée des temps modernes, Paris, Fayard, 302 p.

[8] BERTHOZ Alain, RECHT Roland, (dir.), 2005, Les espaces de l’homme, Paris, Odile Jacob, Collège de France, 394 p.

[9] BELIN Emmanuel, 2002, Une sociologie des espaces potentiels, Bruxelles, De Boeck, 292 p.

[10] La critique positive a pour méthode de démonstration l’emploi des seuls aspects positifs. Elle occulte tout aspect négatif ou dérangeant pour les idéaux du moment.

[11] Les politiques, les médias et les observateurs tempèrent les réalités du tissu urbain. De trop rares émissions, enquêtes ou témoignages viennent bousculer les modèles dans lesquels tout se déroule pour le mieux. Ainsi, l’action des SDF par la place prise durant quelques jours a permis de s’extraire  de la normalité. Mais, nous y sommes déjà retournés car les problèmes de ces personnes sont oubliés.

[12] Baulaigue Michel, 2003, Compréhension d’un banal désordre urbain, Sociétés, n°82, pp. 43-49.

Paquot Thierry, Lussault Michel, Body-Gendrot Sophie, 2000, La ville et l’urbain, l’état des savoirs, Paris, La Découverte.

[13] LESGARDS Robert, (dir.), 2000, Vers un humanisme du IIIème millénaire, Paris : Le cherche midi, 210 p.

ROBERT Christian, 1974, L’humanisme essais de définition, Paris : Les belles lettres, 164 p.

[14] BRUN-PICARD Yannick, 2005, op. cit.

[15] Ces théories et méthodes ne sont que partiellement employées. Elles servent de point d’appui sélectif pour progresser dans notre analyse. HEMPEL Carl, 2000, Eléments d’épistémologie, Paris : Armand Colin, 184 p, (1966). LE MOIGNE Jean-Louis, 1995, Les épistémologies constructivistes, Paris, PUF, 128 p. PIAGET Jean, 1970, L’épistémologie génétique, Paris, PUF, 127 p. 

[16] GIDDENS Anthony, 1987, La constitution de la société, Paris, PUF, 474 p.

[17] VALLAUX Camille, 1911, Géographie sociale le sol et l’état, Paris, Doin, 420 p.

[18] FERRIER J.-P., 1984, Antée 1, La géographie, ça sert d’abord à parler du territoire ou le métier des géographes, Gap : Edisud, 254 p.

FERRIER J.-P., 1998, Antée 2, Le contrat géographique ou l’habitation durable des territoires, Dijon : Editions Payot, 251 p

[19] ASCHER François, 1995, Métapolis ou l’avenir des villes, Paris : Odile Jacob, 347 p.

ASCHER François, 2000, L’urbanisme face à la nouvelle révolution urbaine, Qu’est-ce que la société ?, Paris : Odile Jacob, pp. 169-180.

[20] HUSSERL Edmund, 1970, L’idée de la phénoménologie, Paris : PUF, 136 p.

[21] MERLEAU-PONTY M., 1945, Phénoménologie de la perception, Paris : Gallimard, 531 p.

[22] Voir les travaux de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine.

[23] BODY-GENDROT Sophie, PAQUOT Thierry, LUSSAULT Michel, (dir.), 2000, La ville et l’urbain l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 442 p.

[24] LAHIRE Bernard, 2007, L’esprit sociologique, Paris, La Découverte, 448 p.

[25] BAILLY Antoine, SCARIATI Renato, 1990, L’humanisme en géographie, Paris, Anthropos, 172 p.

[26] DURKHEIM Emile, 1937, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 149 p.

[27] WEBER Max, 1967, Le savant et le politique, Paris, Plon, 221 p.

[28] BRUN-PICARD Yannick, 2005, op. cit.

[29] MERENNE-SCHOUMAKER B., 2002, Analyser les territoires savoirs et outils, Rennes : PUR, 166 p.

[30] LE MOIGNE Jean-Louis, 1995, Le constructivisme, des fondements, Paris : ESF, 252 p.

LE MOIGNE Jean-Louis, 1995, Le constructivisme, des épistémologies, Paris : ESF, 315 p.

[31] BAUDELLE Guy, REGNAULD Hervé, 2004, Echelles et temporalités en géographie, Paris, SEDES, 175 p.

[32] La structuration nécessaire à l’élaboration de cette interface nous relie implicitement aux propositions de A. Giddens et de J.-C. Kaufmann.

[33] FAURE Alain, 1995, Urbanisation et exclusion dans le passé parisien (1850-1950), Vingtième siècle, Revue d’Histoire, volume 47, n°47, pp.58-69.

[34] FONTANEL Marie, GRIVEL Nicolas, SAINTOYANT Valérie, 2007, Le modèle social français, Paris, Odile Jacob La Documentation Française, 181 p.

[35] JUHEM Philippe, 2000, Civiliser la banlieue. Logiques et conditions d’efficacité des dispositifs étatiques de régulation de la violence dans les quartiers populaires, Revue Française de Science Politique, volume 50, n°1, pp. 53-72.

[36] FIJALKOW Yankel, 2004, Sociologie de la ville, Paris, La Découverte, 128 p.

[37] AUTHIER Jean-Yves, BACQUE Marie-Hélène, GUERIN-PACE France, (dir.), 2007, Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, La Découverte, 304 p.

[38] JOBERT Bruno, 1985, L’Etat en action, l’apport des politiques publiques, Revue Française de Science Politique, volume 35, n°4, pp. 654-682.

[39] Le journal bimestriel de l’agence nationale pour la rénovation urbaine nous donne un grand nombre d’informations sur les réalisations en cours ou en projet. Le site logement.gouv.fr nous indique les grandes orientations de l’Etat pour le domaine du logement avec ses priorités comme l’habitat insalubre.

[40] MERLIN Pierre, 2007, L’aménagement du territoire en France, Paris, La Documentation Française, 174 p.

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