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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 14:20

Résumé

La prostitution rurale sur le bord des axes de communication est un phénomène constaté par tout un chacun. Dans le cas présent, neuf lieux d’exercice ont été observés en se fondant sur une démarche qualitative afin de parvenir à une meilleure compréhension de ces implantations pour « gérer » et répondre à ce phénomène. Après avoir mis en évidence les problèmes et les avantages de cette activité, des enseignements sont exposés sur les thèmes des dynamiques de territorialisations spécifiques à cette prostitution. Ainsi la prostitution rurale peut être entravée par des actions dont la finalité serait de faire disparaître tous les avantages liés aux lieux d’une prostitution territorialisée.

 

Mots clefs

Prostitution, territoire, territorialisation, méthode qualitative, géographie sociale

 

 

Introduction

 

L’article proposé est une facette d’une étude dont le thème est : Territoires de prostitutions. Cette observation, analyse et découverte de dynamiques propices aux territorialisations des prostitutions nous ont mené à l’étude des aspects d’une forme de prostitution rurale[i]. Cette particularité de l’étude globale des territoires de prostitutions nous a surpris lors des premières constations de la répartition spécifique à ce phénomène.

Nous supposons que l’implantation de prostitution rurale à proximité d’axes de communication importants est fondée sur les potentialités du lieu en termes d’accessibilité pour les clients, de surveillance pour les employeurs et de rentabilité pour ceux-ci. Ce dernier aspect ne peut pas être vérifié. Toutefois, si l’activité de la prostitution demeure en un lieu c’est qu’elle rapporte à la personne qui la pratique. Ce qui nous incite à penser que tant que l’activité se pérennise c’est qu’elle est lucrative.

Pourquoi des prostitué(e)s[ii] exercent leur activité sur le bord des routes nationales et départementales à distance des villes et villages ? Qu’est ce qui fait que le lieu d’exercice est choisi ? Quels sont les éléments d’évaluation de l’emplacement ? Quels peuvent être les problèmes et les avantages pour l’activité ? Comment faire pour parvenir à mettre en exergue des caractéristiques similaires à chaque emplacement dans le but d’élaborer pour notre thématique générale la formulation d’une théorie de ces territorialisations ? En quoi une démarche qualitative est plus adaptée au phénomène observé que toute autre option méthodologique ? Au regard des analyses produites quels enseignements, quelles avancées et quelles perspectives peuvent être entrevues pour parvenir à « gérer » le phénomène de la prostitution rurale ?

Nous ne sommes pas les premiers observateurs des dynamiques de territorialisations des prostitutions. Notre étude pour sa structure s’appuie sur des influences diverses parfois sans relations directes dans une orientation transdisciplinaire. La méthodologie mise en place est articulée, pour l’approche des aspects de prostitution rurale, sur des fondements de l’humanisme et de la théorie ancrée. L’association volontaire et constructive de domaines éloignés contribue à la mise en évidence des caractéristiques des lieux, des problèmes particuliers ainsi que de potentiels avantages. Ces constats nous permettent d’ouvrir notre réflexion sur des axes d’actions envisageables pour répondre partiellement à des aspects de la prostitution rurale.

 

 

Des travaux antérieurs

 

Kellow Chesney[iii] décrit dans un langage imagé, que l’on peut toucher du doigt, où l’on peut percevoir toute la noirceur des bas-fonds, l’univers de la prostitution urbaine à Londres. Il s’attache à une période ancienne, le règne de la reine Victoria, pourtant la vie des prostituées est toujours aussi peu enviable et pour certaines proches de l’esclavagisme.

Plus récemment Corbin[iv] Alain expose des vies désagrégées au XIXe siècle avec la place tenue par la prostitution pour les jeunes femmes en difficultés. A ces ouvrages à la portée historique, des observations des réalités contemporaines sont développées par Handman Marie Elisabeth[v], qui est focalisée sur Paris, ou par Welzer-Lang Daniel[vi] qui aborde collectivement des aspects de Lyon. Dans les deux cas nous avons des thèmes urbains de la prostitution qui mettent en évidence les dynamiques, les spécificités et les contre-coups de ce phénomène.

S’ajoutent à ces perspectives des démarches aux consonances sociologiques[vii] et juridiques[viii] ainsi que d’autres orientées en direction des témoignages[ix] des acteurs qui vivent ce phénomène. Les actions entreprises[x] pour la reconnaissance d’une existence, ou des développements plus globaux[xi] voire, une réduction spécifique[xii] du domaine observé, nous éclairent sur la diversité des vécus, la dureté de l’existence des prostituées ainsi que sur les affrontements et les tensions avec la loi de la société.

Des analyses aux orientations plus spatiales donnent accès aux parcelles de l’exercice de l’activité de la prostitution. Mathieu Lilian[xiii] s’efforce de mettre en en perspective les faits et demeure attaché à un espace d’expression. En revanche, Rigalleau Antoine[xiv] ancre son approche dans une démarche fortement teintée de géographie, voire de géographie sociale[xv]. Ainsi il nous mène aux portes de champs transdisciplinaires[xvi], que nous affectionnons[xvii]. Ces derniers nous semblent pertinents pour parvenir à se saisir de la complexité des réalités des prostitutions.

 

 

Des influences méthodologiques

 

Notre démarche générale, orientée en direction de la recherche des territoires des prostitutions et nos études sont fermement ancrées dans une forme d’humanisme pour lequel l’individu conscient[xviii] ne peut pas être dissocié du territoire[xix] dans lequel il s’exprime. C’est-à-dire que nous voulons associer, relier et articuler les différents domaines de la connaissance d’un phénomène dans une dynamique transdisciplinaire afin de parvenir à une perception de la/des réalité/s. Ce positionnement, que l’on peut qualifier d’atypique puisqu’il ne se fixe pas dans un mouvement, ne retient que quelques aspects d’une méthode et se construit sur des piliers au cœur de différentes démarches, est fortement influencé par la phénoménologie[xx].

Celle-ci nous offre une certaine souplesse de perception[xxi] tout en demeurant rigoureux dans le production du savoir[xxii]. Cette volonté de construction et de structuration des connaissances résulte des influences de Giddens Anthony[xxiii] et de Durkheim Emile[xxiv]. Les cheminements exposés par ces auteurs nous facilitent l’accès aux phénomènes et par la suite à leur analyse en vue de leurs explications. A ces associations se greffent les écrits du Jung Carl Gustav[xxv] qui mettent en évidence l’impérieuse nécessité de prendre en considération le sentiment que l’on porte à un phénomène pour progresser dans sa compréhension.

L’une des faces de cette pierre proposée à l’édifice de la construction des connaissances est constituée des développements de Habermas Jürgen[xxvi] qui nous montre comment se constitue l’intercompréhension entre les acteurs d’un phénomène. L’existence d’une relation et d’une communication implique des échanges sous diverses formes. Cette obligation nous mène à la sémiotique[xxvii], aux liens invisibles entre signifiant, signifié, référent et stimulus[xxviii], ainsi qu’aux opérations de codage ou de reproduction afin que le message proposé par la prostituée soit compréhensible pour tout client potentiel.

La mise en synergie de ces diverses influences se construit au sein d’une démarche que nous définissons de qualitative[xxix]. Elle est ancrée au cœur d’un phénomène que nous nous efforçons de rendre plus lisible par l’analyse qui en est faite.

 

 

Une articulation méthodologique

 

L’articulation méthodologique employée pour parvenir à mettre en exergue des aspects de la prostitution rurale[xxx] trouve sa source dans un constat initial au sujet de la prostitution pratiquée sur le bord des routes. Le mode d’observation et le choix d’un positionnement particulier donnent la teneur de la démarche entreprise. Enfin, la détermination des caractéristiques des échantillons analysés des lieux observés offre les matériaux à une analyse distante de la prostitution rurale.

Prendre en considération un phénomène de prostitution pour lequel l’activité se déroule sur le bord des axes routiers, sur les parkings et en dehors du cadre urbain n’est pas une génération spontanée fondée sur les seules constations du terrain d’enquête. Ce phénomène a été constaté, sans pour cela être relevé et analysé sur un grand nombre d’axes routiers de rang national. De nombreux déplacements effectués sur les routes nationales et les principales routes départementales de nombreux départements nous ont mené à reconnaître la présence de prostitutions réparties sur les axes de communications. Ce constat initial c’est construit en fonction de nos déplacements en France. Ainsi, sur les axes routiers principaux entre Angoulême et Bordeaux, entre Salon de Provence et Istres, entre Paris et Orléans, ou encore entre Strasbourg et Mulhouse, nous avons relevé la présence de prostitutions que l’on peut qualifier de rurale. Les prostituées se trouvaient sur des parkings le long des nationales, ou à proximité de carrefour voire, sur des aires de repos aménagées. Elles avaient des clients encours de consommation que ce soit dans le véhicule du client ou le leur. Elles étaient seules ou en petit groupe et la plupart du temps elles n’avaient pas, dans ce cas, de véhicule. Une constatation au fil d’un déplacement, simplement fondée sur la mémorisation de l’activité et sans observations récurrentes ne pouvait pas suffire à produire une analyse d’une prostitution rurale. Afin de dépasser cette pierre d’achoppement nous avons décidé d’entreprendre une observation soutenue de points de prostitution sur un itinéraire emprunté très fréquemment.

L’observation des aspects de prostitution rurale a été effectuée sur deux départements : les Bouches du Rhône et le Var sur les principales routes nationales et départementales. La période d’observation des neuf lieux répertoriés fût de dix mois avec 90 jours d’enquête sur les différents points de prostitution. Les observations du phénomène de prostitution sont totalement détachées des acteurs. Nous avons fait le choix de ne pas entrer en contact avec les prostituées afin d’éviter tout problème[xxxi], toutes tensions et surtout de ne pas modifier les comportements. Les observations menées étaient de deux types. Le premier : le simple passage devant le lieu d’activité. Pour six des neuf lieux nous passions de huit à douze fois par journée d’enquête en fonction de nos obligations de déplacement. Ces voyages effectués à heures fixes nous donnaient de nombreuses indications sur l’activité du lieu. Le second type d’observation était la surveillance ponctuelle du lieu, sans se faire remarquer, pendant au maximum une heure à chaque période d’enquête. Pour cette méthode nous n’observions que trois sites par jour d’enquête en raison des distances à parcourir et des délais de surveillance. Les voyages effectués en fonction des itinéraires nous permettaient de mener nos observations du phénomène en diversifiant l’ordre de passage et les fréquences d’analyses. La diversité des périodes, du nombre de passages, de la durée d’observation pour un lieu, de l’horaire d’observation ainsi que de la reproduction des conditions similaires nous a grandement facilité l’analyse du phénomène.

Nous avons sélectionné neuf lieux de prostitution rurale sur un axe routier entre les deux départements et sur un axe perpendiculaire à forte densité de passage. Ces neuf lieux se répartissent en trois catégories. Les prostituées individuelles : elles sont seules sur un emplacement sans véhicule. Trois sites sont retenus : As, Sm et La. Nous faisons le choix de ne pas citer le nom des villages et les lieux précis par mesure de discrétion[xxxii]. Le second type associe les prostituées en groupe : elles sont deux ou trois, très fréquemment sans véhicule[xxxiii] et sont positionnées sur Vs, St et Sa. Pour le troisième type se sont les prostituées qui oeuvrent en véhicule, que ce soit une caravane, une camionnette ou une voiture. A nouveau trois sites sont répertoriés : Fc, Bp et Pv.

La détermination des lieux d’observation n’a pas été effectuée au hasard. Nous avons déterminé les caractéristiques qui nous semblaient les plus pertinentes pour la totalité des sites. C’est-à-dire que nous avons retenu que des sites aux caractéristiques identiques[xxxiv]. La première caractéristique est que l’emplacement de l’activité se situe hors du cadre urbain et périurbain, que les premières constructions[xxxv] soient distantes d’environ un kilomètre. L’activité doit être entreprise sur l’axe principal de communication. Pour le département du Var et des Bouches du Rhône nous avons la nationale 7, et la départementale 25. Ce sont deux axes extrêmement fréquentés à forte densité de circulation avec des flux pendulaires réguliers et une spécificité de pic d’intensité de déplacements entre 11 heures et 15 heures. Les lieux doivent être discrets, visibles et non tapageurs. Ils sont accessibles, les véhicules des clients peuvent manœuvrer et il peut même y avoir un véhicule en attente. Les potentiels clients doivent pouvoir faire demi-tour afin de revenir sur leurs pas pour « consommer ». Les prostituées individuelles ou en groupe ont un lieu d’exercice en retrait, à l’abri des regards, carrossable et pas trop éloigné du point de contact. Nous avons recherché la régularité de la présence des actrices sur leur lieu d’exercice. Cela signifie que le dépôt ou l’installation s’effectue toujours aux mêmes heures, que les personnes en place sont les mêmes ou que les roulements de personnels se reproduisent de manière régulière[xxxvi].

Cette structuration de l’analyse du phénomène de prostitution rurale nous permet de pouvoir comparer les différents lieux d’activité, d’évaluer leur potentielle rentabilité et leur pertinence d’implantation, de pouvoir reproduire les caractéristiques optimales d’implantation pour ce type de prostitution et de tendre en direction d’une forme d’universalité du fait reconnu.

  

 

Le territoire de cette forme de prostitution rurale

 

Lorsqu’une prostituée exerce son activité elle s’approprie temporairement une parcelle de l’espace terrestre et de l’espace public. Cette actrice sociétale territorialise[xxxvii] son activité en un point de l’espace social. Pour parvenir à ce territoire, aussi petit soit-il, la prostituée va effectuer une action de territorialisation. La construction territoriale produite se structure sur l’existence de l’activité qui lui donne ses caractères de territorialité, sur le marquage du lieu d’exercice et la reconnaissance de la parcelle territorialisée source de vie du territoire construit.

L’existence du territoire construit, perceptible et accessible résulte de l’activité de prostitution en un point. Celle-ci lui donne sa consistance, sa matière et sa structure en fonction de la personne qui l’occupe et qui expose sa présence.

La perception d’un espace territorialisé par une activité impose la mise en œuvre de caractères de territorialité source initiale de la production physique, virtuelle ou cognitive du territoire à observer. Ces aspects de territorialité sont une association de divers éléments propres à l’activité de prostitution dans son exercice local. Cette présence n’est pas permanente. Il s’ensuit des durées de présences, des temporalités pour chaque lieu et des répartitions temporaires de l’utilisation du territoire. La présence pendant plusieurs heures d’une personne en point, quelques jours par semaine et cela pratiquement tout au long de l’année expose aux yeux de chaque observateur l’existence d’une activité. La présence sur les différents lieux d’observation est sensiblement identique. Aucune actrice n’œuvre avant 11 heures du matin (pour les neuf points), aucune n’est présente après 19 heures et toutes font en sorte de demeurer visible pendant cette plage horaire. Ainsi chaque parcelle est régulièrement occupée par sa détentrice provisoire pour des durées variables mais régulières en ce qui concerne le début et la fin de l’activité. Nous avons noté que les prostituées qui étaient déposées étaient parfois remplacées en milieu d’après-midi par une autre équipe. Cette répartition fut constatée pour le travesti qui pour sa part ne venait qu’à jour fixe.

Le marquage d’une parcelle est un acte fondamental pour la production d’un territoire[xxxviii]. Il ne serait pas possible de savoir qu’il y a une activité de prostitution sans un signe explicite pour annoncer la potentialité. Il y a un signifiant et un signifié[xxxix] à destination d’un potentiel client. Ce dernier va analyser le message en fonction de ses référents et des stimuli qu’il va percevoir ainsi que de sa disponibilité à entrer en relation ou non avec la prostituée.

Le marquage, pour la présence de la prostitution rurale[xl], dépasse la simple présence. Nous ne pouvons pas supprimer la présence comme acte initial de marquage du territoire constitué. Toutefois, pour les neuf lieux d’observation, chaque actrice renforce sa seule présence par une forme de signalétique lisible pour tout observateur. Celle-ci se constitue d’une veste suspendue, d’un sac à main original ou plus simplement du véhicule en stationnement avec l’actrice en attente dans une position des plus subjectives. Ce marquage est fonctionnel : il s’efface rapidement, il fait appel à la mémoire collective de tout consommateur de prostitution et il n’est pas permanent. Il possède des aspects conjoncturels liés aux spécificités du lieu d’activité en étant plus voyant ou lisible et explicite. Des aménagements propres au lieu d’exercice sont effectués ; que ce soit un point d’alimentation en eau pour la prostituée en caravane ou des calles pour celle qui travaille en camionnette. Ces ustensiles sont présents à demeure. Le fait qu’ils ne soient pas employés montre que la prostituée ne sera pas présente et que ce jour l’espace est libre. Enfin le dernier aspect de marquage du territoire est constitué des déchets laissés un peu partout à proximité du lieu d’exercice, tout particulièrement pour les prostituées travaillant en groupe ou seule. Le promeneur est en mesure de comprendre le type d’activité qu’il y a eu en un point en fonction du type de déchets répandus sur le sol ou plus rarement laissés dans des sacs. Ces déchets explicites de préservatifs, de serviettes jetables marquent le lieu.

La reconnaissance est le dernier aspect de cette production territoriale. Elle permet à l’activité de se pérenniser malgré les risques encourus. Elle contribue à un appel à la consommation des potentiels clients. Elle est une marque de fabrique suggestive de ce qu’est, doit être, ou peut être le territoire d’exercice d’une prostituée. La reconnaissance de l’activité est le premier lien entre la prostituée, le passant et le consommateur. Chaque observateur comprend, devine ou s’interroge sur l’activité exposée et qu’il va reconnaître. Pour parvenir à cet invisible dialogue la prostituée va au-delà du simple marquage de sa parcelle pour entrer dans une communication visuelle propre à l’activité.

A l’exception de la prostituée en caravane toutes les autres ont des postures aguichantes extrêmement significatives pour tout observateur. Des attitudes à la notion prononcée d’invitation, des appels effectués aux hommes seuls en voiture ou encore se dénuder partiellement au passage des véhicules, sont autant d’indications qui contribuent à la reconnaissance de l’activité de la prostitution en un lieu. Chaque actrice développe des supports de communication silencieux afin de rendre lisible et explicite son activité. Certaines prostituées demeurent discrètes notamment en véhicules ainsi que celle présente sur le site As, pour les autres, seule la visibilité de la proposition compte. Ainsi la reconnaissance d’une forme de prostitution est plus simple par la simple mise en exergue des intentions de la personne qui met son corps comme support de communication.

La production du territoire occasionnel d’une activité de prostitution résulte de la présence physique de la prostituée, des marquages lisibles sur le lieu de son activité et de la forme de communication mise en place dans le but d’inviter tout potentiel client.



[i] Nous dénommons prostitution rurale l’activité de prostitution qui se déroule hors du cadre urbain, hors de toute construction et implantée dans la campagne. Elle pourrait être nommée périurbaine mais cela impliquerait qu’elle se situe, pour le cas présent au contact immédiat des villes. Les observations furent effectuées en zone rurale à l’écart des villes et villages mais sur des axes de communication.

[ii] Par mesure de simplicité nous n’emploierons le terme qu’au féminin car la population prostituée masculine ou transsexuelle, pour cette étude, n’est constituée que d’une personne qui n’était pas présente régulièrement.

[iii] KELLOW Chesney, 2007, Les Bas-fonds de Londres, Paris, Taillandier.

[iv] CORBIN Alain, 1995, Les filles de noce, misère sexuelle et prostitution au XIXe siècle, Paris, Flammarion.

[v] HANDMAN Marie Elisabeth, MOSSUZ-LAVAU Janine, dir., 2004, La prostitution à Paris, Rapport final de la mairie de Paris.

[vi] WELZER-LANG Daniel, BARBOSA Odette, MATHIEU Lilian, 1994, Prostitution : les uns, les unes et les autres, Paris, Editions Métaillé.

[vii] PRYEN Serge, 1999, Stigmate et métier : une approche sociologique de la prostitution de rue, Rennes, PUR.

[viii] OUVRARD Lucile, 2000, La prostitution, analyse juridique et choix de politique criminelle, Paris, L’Harmattan.

[ix] RAES Françoise, FRANCOIS Catherine, 2001, Paroles de prostituées, Bruxelles, Editions Luc Pire.

[x] MATHIEU Lilian, 2001, Mobilisation de prostituées, Paris, Belin.

[xi] OUVRARD Lucile, 2002, La prostitution, Paris, L’Harmattan.

[xii] PHETERSON Gail, 2001, Le prisme de la prostitution, Paris, L’Harmattan.

[xiii] MATHIEU Lilian, 2000, L’espace de la prostitution : éléments empiriques et perspectives en sociologie de la déviance, Sociétés contemporaine, n°38, pp. 99-116.

[xiv] RIGALLEAU Antoine, 2006, Prostitution, riverains et action publique : une analyse en terme de territoires, Action publique et prostitution, Rennes, PUR, pp. 135-148.

[xv] DI MEO Guy, 2000, Géographie sociale et territoires, Paris, Nathan.

[xvi] NICOLESCU Basarab, 1996, La transdisciplinarité, Monaco, Editions du Rocher.

[xvii] BRUN-PICARD Yannick, 2005, L’humanisme géographique, thèse, Aix-en-Provence, sous la direction de FERRIER Jean-Paul (Aix) et MERCIER Guy (Laval, Québec).

[xviii] KAUFMANN Jean-Claude, 2001, Ego pour une sociologie de l’individu, Paris, Pluriel.

[xix] LABERGE Danielle, ROY Shirley, 2004, Pour être, il faut être quelque part, Sociologie et Société, volume XXXIII.2., pp. 115-131.

[xx] HUSSERL Edmund, 1970, L’idée de la phénoménologie, Paris, PUF.

[xxi] HEIDEGGER Martin, 1959, Qu’appelle-t-on penser ? , Paris, PUF.

MERLEAU-PONTY Maurice, 1945, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard.

[xxii] BOUDON Raymond, FILLIEULE Renaud, 2004, Les méthodes en sociologie, Paris, PUF.

[xxiii] GIDDENS Anthony, 1987, La constitution des sociétés, Paris, PUF.

[xxiv] DURKHEIM Emile, 1937, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF.

[xxv] JUNG Carl Gustav, 1964, Essai d’exploration de l’inconscient, Paris, Folio.

[xxvi] HABERMAS Jürgen, 1987, Théorie de l’agir communicationnel, Paris, Fayard, p. 210.

[xxvii] KLINKENBERG Jean-Marie, 1996, Précis de sémiotique générale, Paris, Seuil.

[xxviii] ECO Umberto, 1988, Sémiotique et philosophie du langage, Paris, PUF.

[xxix] STRAUSS Anselm, CORBIN Juliet, 2004, Les fondements de la recherche qualitative, Fribourg, Academic Press Fribourg.

[xxx] La prostitution rurale sur laquelle nous focalisation notre attention n’aborde pas les formes de prostitution que nous pouvons trouver dans les petits villages ruraux ou dans les couronnes périurbaines. Pour ces aspects nous avons constaté que l’acte de prostitution était occasionnel, diffusé par le bouche-à-oreille et relié aux contacts téléphoniques entre clients et prostituées. Des entretiens lors de relations avec des clients de ce type de consommation ont mis en évidence cette forme très peu répandue de prostitution rurale.

[xxxi] Nous avons constaté que pour les lieux où étaient déposés les petits groupes il y avait des surveillants qui tenaient très certainement le rôle de protecteurs. Les zones d’activités se trouvant assez éloignées de toute zone de vie il n’était pas concevable d’entrer en relation avec les prostituées.

[xxxii] Les itinéraires sur lesquels nous avons mené notre enquête sont de Aix-en-Provence à Fréjus, en passant par Tourves, Flassan sur Isole, Brignoles, Le Luc, Vidauban, Le Muy, Fréjus. Nous avons aussi observé en direction de Sainte Maxime car nous avions trois sites d’observation.

[xxxiii] Il est à noter que pour un groupe les trois prostituées ont parfois conservé un véhicule en particulier lorsque le temps était menaçant. Ce constat n’a été effectué qu’après cinq mois d’observation. 

[xxxiv] Les prostituées occasionnelles, celles qui ne viennent qu’une journée par semaine sur le lieu reconnu ou celles qui agissent en dehors des axes principaux de communication n’ont pas été retenues. Ce type de prostitution est extrêmement compliqué à observer car il n’est pas permanent, les emplacements sont variables et leur approche réclame beaucoup trop de temps pour percevoir le réseau existant.

[xxxv] Nous entendons par constructions non pas des maisons isolées ou un restaurant routier dans une plaine, mais, des hameaux, des structures industrielles ou commerciales.

[xxxvi] En recherchant cette régularité des présences nous avons constaté qu’une prostituée partageait son emplacement, par roulement, avec un prostitué travesti qui pour les rares fois où nous l’avons observé avait une clientèle peu nombreuse (deux clients entre 12 et 13 heures) mais régulière.

[xxxvii] Nous nous sommes attachés à définir notre conception du territoire, de la territorialisation et de ce que représentent les caractères de territorialité dans : BRUN-PICARD Yannick, 2005, L’humanisme géographique, thèse, Aix-en-Provence, sous la direction de FERRIER Jean-Paul (Aix) et MERCIER Guy (Laval, Québec). Ces propositions sont en relations avec les développements contemporains sur les thématiques des territoires. Elles proposent comme objet de la géographie l’interface humanité/espaces terrestres. Celle-ci donne le support physique aux activités anthropiques en permettant les hiérarchisations entre espaces, paysages et territoires.

[xxxviii] Des développements historiques, conflictuels et particuliers sont analysés dans : FOUCHER Michel, 1991, Fronts et frontières, Paris, Fayard. L’auteur expose la naissance des territoires nationaux, leur reconnaissance ainsi que les luttes pour que ceux-ci existent. Les dimensions d’un territoire national et la parcelle d’une prostituée n’ont rien de commun. Toutefois, les actions entreprises pour la constitution de ce territoire temporaire sont similaires, toutes proportions gardées.

[xxxix] KLINKENBERG Jean-Marie, 1996, Précis de sémiotique générale, Paris, Seuil.

[xl] Dans le cas de la prostitution urbaine la présence sur un trottoir, dans une entrée ou sur un parking suffit à la fois à signifier l’existence de l’activité de prostitution et au marquage du territoire temporaire de la prostituée.

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