Dans le monde de l’enseignement la réflexivité tient une place non négligeable et tend à
justifier voire à légitimer les comportements, les orientations et les profonds dysfonctionnements du système éducatif français. Il en est de même en politique. Toutefois, la réflexivité en
politique tend vers une simple démonstration de réflexes devant des évènements et des réponses à donner sans montrer que l’on ne fait que du vent.
Au risque de déplaire à un lecteur, qui me demande si je ne suis pas cette personne, je
reprends les développements de Brun-Picard Yannick dans le domaine de la pédagogie, de l’andragogie et de l’enseignement pour faire un crochet en direction de la réflexivité. Pour Brun-Picard
Yannick la réflexivité n’est qu’un constituant de la praxéologie.
Cela implique que si ce constituant, quelque soit son importance dans la réalisation d’une
démarche praxéologique, est employé seul, de manière monolithique, nous obtenons une démarche biaisée, orientée et doctrinaire. En effet, le pratiquant ne peut parvenir à voir que ce qu’il
souhaite voir et ne peut répondre qu’à ce qu’il souhaite répondre. Les politiques en sont la démonstration vivante et accablante d’une perversion dialectique. Cela est dû à l’impossibilité de
pratiquer une dialogique réelle.
La pratique de la réflexivité chez des enseignants, dans les sciences de l’éducation qui
mettent Schön sur un piédestal, en oubliant tout ce qui accompagne et précède cet exercice, atteste d’une volonté de manipulation, consciente et inconsciente par ignorance, des esprits à l’écoute
des propos diffusés. Nous avons ainsi des utilisateurs qui s’approprient une démarche sans prendre les éléments qui lui donnent corps et seraient à même de les mener à la production de résultats
efficients.
Que ce soit Sarko ses potes François, ou Marine et même leurs illustres prédécesseurs tous
ont pratiqué la réflexivité sans savoir qu’ils l’employaient. Cette technique de communication qui donne aux publics l’impression d’être entendu, d’être pris en considération et aux systèmes de
se voir considérés est aussi vieille que la démagogie chère aux Athéniens.
La réflexivité est vitale en éducation, en enseignement, en science de l’éducation et en
politique. C’est une évidence. Il est tout aussi évident, incontournable et vital que la réflexivité soit à sa place : un constituant de la démarche praxéologique. Mais là je me paluche
grave ! Il faudrait pour y parvenir que les sciences de l’éducation pratiquent sur elles la praxéologie, ça j’en doute ! Pour parvenir à une telle révolution cognitive, à un basculement
de paradigme, il faudrait que les tenants de méthodologies à courte vue conçoivent que la réalité ne peut pas être mise en équation et que la dissimulation derrière des chiffres n’est qu’une
illusion qui ne fait que démontrer l’intellectualisme et la suffisance de démarches sectaires et idéologiques.
Que la réflexivité tienne une place conséquente dans les sciences de l’éducation, dans la
politique ainsi que dans nombre de doctrines de gestion des conflits sociaux, me satisfait sans me mener à la plénitude. Pour y parvenir il suffirait que ces praticiens si bercés d’idéaux, de
doctrines sociétales qui font que l’autorité n’est tolérée que lorsque c’est eux qui la pratiquent, ou encore qui ne peuvent pas admettre qu’il existe des personnes qui pensent en dehors des
cursus et de la normalité institutionnelle, exercent la praxéologie.
Hélas ! La praxéologie impose : l’humilité, l’empathie, l’abnégation, le
décentrement, autocritique, la considération, la projection et surtout, le plus important à mes yeux et aux analyses de Brun-Picard Yannick, la capacité à lire la réalité, non pas avec une grille
normalisante formatée aux idéaux mais, avec des grilles, des approches et des démarches qui permettent de s’approprier les facettes de la réalité que l’on est capable de déceler afin, par
similitudes, d’extraire des vecteurs à même de structurer une théorisation.
Pour certains je vis dans une autre galaxie. C’est probable. Cependant, en mettant en
œuvre la praxéologie au cœur des démarches éducatives, des méthodes d’enseignement, ainsi, et surtout comme colonne vertébrale d’une pédagogie évolutive pour laquelle la pédagogie différenciée
tient une place majeure, chaque pratiquant devrait être en mesure d’aller plus loin que ses croyances et que la satisfaction de son ego afin de servir les personnes, les citoyens, auxquels il
s’adresse.
En outre, la praxéologie, à mon sens domaine des théories des sciences de l’éducation
encore vierge, permettrait, dans le cas où les tenants contemporains des sciences de l’éducation feraient l’effort, pour certains insurmontable d’admettre leur fourvoiement, de mettre en synergie
la didactique et la réflexivité, intégrées dans une pratique pédagogie pour laquelle l’individu auquel s’adresse le discours proposé est au centre des préoccupations. Des leçons sont à retenir
pour les enseignants, les acteurs des sciences de l’éducation, ceux de la communication et bien sur les politiques.