L’ONU semble prêter une attention soutenue au malheur du viol-meurtre qui vient de se dérouler en Inde. Cette prise de conscience est un début. Toutefois, les formes de violences sexuelles sont présentes ailleurs qu’en Inde.
En effet, j’ai gardé en mémoire les travaux de Yannick Brun-Picard au sujet des violences de types sexuels dans les centres urbains et autres cités. Cet illustre inconnu, que les mouvances universitaires s’échinent à ce qu’il ne puisse pas publier, avait démontré que les phénomènes de territorialisations par la violence ont une facette articulée sur l’emprise sexuelle.
Intolérable pour les mouvances intellectualistes, qu’un obscur qui n’appartient pas, qui n’a pas suivi les cursus, puisse mettre en exergue, puisse démontrer, que des interfaces spécifiques aux violences sexuelles se construisent, se développent et se répandent par la démission des pouvoirs, la fuite des institutionnels et pire encore l’aveuglement des universitaires et autres prétendus scientifiques dans l’incapacité de pratiquer l’observation intégrée.
Il est vrai que les cas d’exercice de la violence sexuelle n’est pas le même en Inde, en France, au Canada, en Amérique du Sud ou aux Etats-Unis. Des spécificités, des particularités, donnent à percevoir des images et des modes d’actions et d’affirmations légèrement différents. Mais, toutes ces violences, toutes ces formes de coercitions, de dissuasions, d’emprises et de contraintes, sont ancrées sur une parcelle, laquelle constitue une interface humanité/espaces terrestres d’exercice, de pratique.
Si l’observateur se donne la peine d’observer, d’analyser, de comprendre et de rendre explicite le phénomène étudié sur un territoire en fonction des acteurs, des moyens, des spécificités, des marquages, des faits, des implications et des volontés d’interventions, il devient envisageable de s’approprier le phénomène et de parvenir à y répondre.
Pour cela, les intervenants ont le devoir d’agir, de concevoir et de se projeter dans des démarches transdisciplinaires pour lesquelles l’outil qu’est l’interface de réalisation est l’objet central de coopération des actions entreprises. Cela signifie un bouleversement de paradigme, une éradication de l’intellectualisme, de la gnose, de l’exégèse et du blablatage. Cela signifie que les « scientifiques » en sciences humaines, ces fameuses sciences souples, elles aussi définies par Yannick Brun-Picard, seraient à même de mettre en synergie, sans hiérarchisation, les différentes spécialités. Doux rêveur…
Les violences sexuelles atteignent des niveaux d’implications, de conséquences et d’emprises, aujourd’hui intolérables pour les peuples. La violence sexuelle a toujours existé sous multiples formes. Aujourd’hui, la violence sexuelle est devenue une forme de communication par laquelle des délinquants, des loubards ou des incontrôlables en soif de frissons, pour lesquels aucune sanction dissuasive n’existe, s’expriment et démontrent leurs capacités de nuisance.
Que ce soient les prostituées exploitées aux portes des chantiers, les jeunes filles vendues pour des fellations dans les cages d’escaliers pour quelques euros, celles qui subissent des assauts dans les établissements scolaires, ou encore celles qui sont agressées par des gandins en mal d’affirmation, la situation est devenue intolérable. Où sont les politiques avec des décisions courageuses, engagées, fermes et qui font entrer les femmes réellement comme égales des hommes ?
Nulle part car il faudrait pour cela que les travaux de personnes ostracisées soient mis au jour. Ce pas en avant risque de ne jamais être entrepris car trop d’intérêts seraient bousculés, en particulier ceux des prétendus spécialistes des violences qui n’ont jamais eu le courage de mettre en avant ces aspects de la noirceur de notre humanité. Qui sait, François avec la nouvelle année va-t-il aller chercher un empêcheur de tourner en rond pour secouer l’inertie médiocratique et contribuer avec fermeté à l’éradication des violences sexuelles ou tout au moins à leur limitation. C’est un vœu pieu ? Peut-être que non, qui sait ? Reste à voir ce que les institutionnels internationaux vont entreprendre, si eux aussi vont demeurer dissimuler derrière des illusionnistes qui ne mettront jamais les réalités les plus noires en évidence, ou, s’ils auront le courage de faire émerger les maux par l’intermédiaire d’autres regards. En France ce n’est pas fait alors que la ressource est là. Pourquoi au niveau international il y aurait quelque chose ?
Néanmoins, il est impératif qu’une prise de conscience intervienne afin d’agir contre les violences sexuelles qui se normalisent dangereusement.